Tiré de l’étagère | « Les quatre morts de Jean de Dieu » d’Andrée Chedid

Ranger le dernier best-seller à la mode amène souvent à redécouvrir des chefs d’oeuvre cachés bien au chaud dans sa bibliothèque.

La mort c’est nul, ça fait pleurer et souvent ça terrorise. Mais c’est la règle du jeu. Plutôt que de jouer, Andrée Chedid célèbre à sa façon la vie et la disparition dans les quatre morts de Jean de Dieu.

De quoi ça parle? Jean de Dieu est mort. ça c’est ce que la science vient de décréter mais ce Jean de Dieu, qui s’appelait pour l’était civil Juan de Dios, est selon lui mort 4 fois. Jean de Dieu n’est pourtant pas un chat mais bien un hispanique au destin quelque peu particulier.

Qu’est- ce qu’on en pense? C’est le genre de livre qui fait reculer de trois pas en arrière. Et souvent après l’évocation de ce titre, une question se pose : « qui est Jean de Dieu? » Pas star de la télé réalité ni vieux sage académicien, Jean de Dieu c’est la merveilleuse histoire contée par l’enchanteresse et regrettée Andrée Chedid.  La grand-mère de -M- restera à jamais bien plus qu’une écrivaine. Avec sa façon unique de transformer l’histoire de tout un chacun en légende séculaire, elle métamorphose peu à peu le dit Jean de Dieu en monsieur tout le monde sanctifié. Crainte et damnation? Oh non, point du tout. L’évangile selon Jean de Dieu se fait en quatre chapitres et raille la religion, le communisme, la maladie. Beau programme pour un aller simple vers l’éternité? Pas si sûr. Car si Jean de Dieu est bien loin d’être un saint, il n’en est pas moins attachant avec sa famille décapante et ses compagnons d’infortune hauts en couleur. Là, au seuil de la mort, ou dans le deuil des siens, il est parfois dur de continuer  la lecture submergée par l’émotion et -même disons- le clairement- par les larmes dispensées sur ces quelques pages. Une des plus belles déclarations d’amour à un disparu. Magistral.