Série: Top BD
Titre: Super Boxeurs Auteurs : John Byrne, Ron Wilson et Armando Gil Editeur : LUG Année : 1984 Résumé : Un futur pas si lointain... Le monde est divisé en deux, les pauvres qui vivent sous terre et les riches qui vivent à la surface. Pour calmer les velléités de révolution, les trusts, qui ont pris le pouvoir à la place des politiques, organisent des jeux, des combats opposant des hommes surentraînés équipés de gants et d'armure développant leur puissance. On les appelle... les Super Boxeurs. Mon avis : Un scénario se déroulant dans un monde d'anticipation, somme toute assez classique aujourd'hui. Peut-être qu'en 1984, année de la sortie de cet album, ce n'était pas le cas. Il faut dire que ce livre ne contient aucune histoire de super-héros, de super-vilains ou autre cube cosmique. Il s'agit de la vie de Max, un jeune boxeur des bas-fonds, qui va devoir affronter le plus grand boxeur de la surface, Roman. Déjà, il s'agit d'une originalité dans le monde Marvel. Ensuite, si l'on suit une trame simple sans aucun rebondissement surprenant, il y a un choix narratif fort, la voix off. Cette voix qui s'exprime dans les cartons et qui s'adresse au lecteur en le tutoyant. Elle l'entraîne et le pousse à s'immerger dans cet univers manichéen. Mais au fur et à mesure de la lecture, je me rends compte que l'univers n'est pas si manichéen que cela, bien que la nuance aurait méritée d'être plus poussée à ce niveau. Max veut simplement boxer et se retrouve entraîné dans une intrigue qui le dépasse, et il va de découverte en découverte. Le seul souci, c'est que pour nous, lecteurs, ces fameuses découvertes, nous les devinons un peu à l'avance. Alors il nous reste le monde et les combats de boxe. Le monde, je l'ai dit – enfin, plutôt écrit -, a un arrière-goût de déjà-vu. Bien que certains éléments parviennent à rajouter une ambiance, les choses restent assez plates. Quant aux combats de boxe, l'idée de l'équipement est intéressante, mais là aussi peu innovante. L'ambiance du ring, plutôt de l'arène, est bien rendue par cette voix off, dont on ignorera toujours à qui elle appartient. Après, c'est le jeu du dessin. Si John Byrne nous offre un scénario classique – et il nous a habitués à bien mieux – Ron Wilson tente de donner vie à cet univers et il y parvient avec plus ou moins de réussite. Il crée une ambiance sombre jouant sur de grandes zones de noir, renforçant l'obscurité naturelle des bas-fonds et symbolisant la noirceur morale de la surface. Mais du coup, l'opposition visuelle entre les deux mondes ne ressort pas avec assez d'efficacité à mon goût. La lumière arrive dans le combat final, mais le cadrage, parfois très original, a tendance, à mes yeux, à étouffer le dessin. En réalité, à la lecture, je me demande si cette BD n'aurait pas mérité plus d'espace, plus de pages, afin de prendre sa réelle ampleur. Autant certaines planches mélangent dessins demi-page et cases de différentes tailles avec talent, autant d'autres sont remplies de petites cases sans espace. On pourrait se dire que c'est pour jouer sur l'opposition bas-fonds et surface, mais dans les deux mondes, le problème revient. Ce souci de cadrage étriqué nuit autant aux décors qu'aux couleurs. La noirceur du récit ne trouve pas sa place, tout comme la noirceur des décors. La case finale est à peine visible, tout en bas à droite de la dernière page, et ne permet pas de prendre la mesure du message final. Il m'a fallu un peu de temps pour en comprendre le décor. Je trouve cela regrettable, et pourtant, ce cadrage explosé dont je parlais plus haut revient plusieurs fois et quelques dessins pleine page permettent de poser de belles atmosphères. Je retiens les volutes de fumée qui planent tout au long d'une planche de discussion âpre par exemple mais il manque quelque chose, une forme d'air, d'espace, qui, selon moi, n'est pas dû uniquement à l'envie de nous oppresser pour nous faire ressentir ce monde plus fortement. Mais n'ayant pas eu l'occasion de discuter avec Ron Wilson ou John Byrne, le mystère restera entier. Notons que les personnages sont bien dessinés, les boxeurs au corps tout en muscles, les jolies femmes, les enfants aux visages rieurs ou paniqués, les traits réalistes permettent une belle expressivité des visages. De plus, une kyrielle de détails visuels pose ce monde futuriste. Je repense au briquet, aux équipements des boxeurs, alors que d'autres éléments nous rappellent que cette BD date des années quatre-vingts, comme la vision – comique aujourd'hui - du téléphone du futur ou les vêtements des protagonistes. Super Boxeurs nous parle de deux mondes qui s'opposent, au travers de deux boxeurs bien différents. Je ne peux m'empêcher de penser à un mix entre Rollerball et Rocky, pouvant reprendre le meilleur comme le pire des deux. Une BD à découvrir pour cette voix off envoûtante qui nous happe dans ce récit. Si vous avez une bibliothèque pas loin de chez vous, allez donc regarder ce curieux objet qui a le mérite de nous emmener bien loin de l'univers Marvel habituel.
Zéda futur Super Boxeur ?