"Faire le mort." Aujourd’hui synonyme de lâcheté, l’expression renvoie pourtant à un instinct de survie essentiel, une stratégie de la dernière chance face au danger imminent. Pris à la gorge par un guépard, l’impala rentre brusquement dans un état second, une sorte de paralysie que Peter A. Levine appelle le "figement", pour s’enfuir aussitôt que le prédateur baisse la garde. Pas vu, pas pris. Le choc passé, l’animal reprend sa vie comme si de rien n’était, alors que l’Homme continue bien souvent d’être hanté par la scène, comme prisonnier de la spirale de son trauma. Sans que les années ne suffisent pour tourner la page.
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Crises d’angoisses, insomnies, dépression ou tremblements : quand l’obsession et la peur gèlent toute forme de vie chez l’individu, le syndrôme post-traumatique découle souvent d’un "figement" inabouti. Boucler la boucle pour en sortir : c’est ce que propose Levine grâce au felt sense, une méthode devenue fondamentale en psychothérapie qui répare la mémoire du corps au-delà des blessures de l’esprit."Les mêmes puissantes énergies qui créent le traumatisme peuvent, si elles sont correctement mobilisées, le transformer et nous propulser alors vers des sommets de bien-être, de maîtrise et même de sagesse." S’il faut rugir dans l’épreuve pour sortir de la victimisation, autant « réveiller le tigre » pour porter son trauma comme une cicatrice bien pansée. Marqué pour toujours, non plus écorché vif.