Je voudrais vous parler aujourd’hui d’un roman découvert grâce à cette vidéo de Margaud, de la chaîne Margaud Liseuse et du blog (quasiment) du même nom, où elle nous donnait le top 10 de ses classiques préférés. Parmi eux, un petit livre d’un auteur dont je n’avais jamais entendu parler avait retenu mon attention : Soie, d’Alessandro Baricco. Elle en parlait avec beaucoup d’énergie et l’histoire avait l’air d’être pleine de rebondissements, alors quand je l’ai vu à la librairie la dernière fois, je n’ai pas hésité longtemps…
Vers 1860, pour sauver les élevages de vers à soie contaminés par une épidémie, Hervé Joncour entreprend quatre expéditions au Japon pour acheter des œufs sains. Entre les monts du Vivarais et le Japon, c’est le choc de deux mondes, une histoire d’amour et de guerre, une alchimie merveilleuse qui tisse le roman de fils impalpables. Des voyages longs et dangereux, des amours impossibles qui se poursuivent sans jamais avoir commencé, des personnages de désirs et de passions, le velours d’une voix, la sacralisation d’un tissu magnifique et sensuel, et la lenteur, la lenteur des saisons et du tems immuable.
Soie, publié en Italie en 1996 et en France en 1997, est devenu en quelques mois un roman culte – succès mérité pour le plus raffiné des jeunes écrivains italiens.
« […] Il passa la frontière près de Metz, traversa le Wurtemberg et la Bavière, pénétra en Autriche, atteignit par le train Vienne puis Budapest et poursuivit jusqu’à Kiev. Il parcourut à cheval deux mille kilomètres de steppe russe, franchit les monts Oural, entra en Sibérie, voyagea pendant quarante jours avant d’atteindre le lac Baïkal, que les gens de l’endroit appelaient : mer. […] » (p31)A première vue, le texte donne l’impression que ses voyages sont incroyables et extrêmement aventureux ! Et pourtant, je trouve que le ton général est très morne : le vocabulaire et la ponctuation employés sont ternes, aucune description du paysage ou des émotions du héros ne vient étoffer le récit. Pour moi, le texte n’est pas enthousiaste du tout, il n’y a aucun effort de description et le récit du voyage s’apparente même carrément à une simple juxtaposition d’étapes. C’est comme si l’auteur ne voulait pas « faire rêver » son lecteur. Attention, je ne dis pas du tout que Baricco ne sait pas écrire, je pense juste que cet effet là est souhaité ! Je vois d’ailleurs deux manières de comprendre ce contraste entre le fond et la forme.
→ MON AVIS
Je ne trouve pas que l’histoire soit très originale : être soumis à la tentation de l’adultère à l’occasion d’un voyage à l’étranger n’est selon moi pas un sujet nouveau. Par contre, j’ai bien aimé la façon dont cette histoire était reliée à l’industrie de la soie, j’ai trouvé que cela amenait la touche d’originalité qu’il manquait et donnait aussi une touche poétique au roman.
Comme j’ai essayé de vous l’expliquer plus haut, j’ai trouvé que le style d’écriture n’était pas « magnifique ». Vous commencez sûrement à me connaître : j’aime bien lire des livres qui sont beaux par leur forme. Ici, j’ai trouvé que c’était la thématique de la soie qui apportait la poésie et la douceur que je m’attendais à trouver dans le style.Même si c’était plutôt agréable de se laisser surprendre et d’accepter de voir de la poésie là où je ne l’attendais pas, je vous avoue que je n’ai pas été bouleversée par ce livre. C’est sûrement à cause du style un peu trop froid de l’auteur justement, en tout cas je n’en suis pas ressortie complètement retournée ni vraiment émue. J’en garde un très bon souvenir, c’est un livre que je garde à l’esprit et que je conseillerais sans hésiter, je le citerais même sûrement parmi mes plus belles découvertes de 2014, mais j’avoue que l’aspect émotionnel m’a un peu déçue.En revanche, ce livre a su me surprendre à de nombreux endroits. Déjà, pour la réflexion qu’il nous offre à propos de l’amour. Baricco met vraiment bien en avant le fait que l’amour n’est pas forcément lié à la passion ou à l’intensité, mais plus à la douceur et à la tendresse. Il nous invite vraiment à progresser dans la maîtrise de nos sentiments et de nous-mêmes, à prendre de la distance par rapport aux événements qui s’imposent à nous, et surtout à ne pas confondre coup de foudre et séduction. Hélène est d’ailleurs un des personnages les plus intelligents et maîtrisés que j’ai jamais rencontrés dans un roman ! Si elle semble au début peu digne d’intérêt, je pense avec du recul que c’est un des personnages les plus importants du livre !Enfin, je ne peux pas vous laisser sans vous parler de la scène de la lettre… Son intensité érotique et sensuelle n’a rien à envier aux lettres écrites par la Marquise de Merteuil ou le Vicomte de Valmont dans Les Liaisons dangereuses ! Vraiment, le roman vaut la peine d’être lu rien que pour cette lettre. Après un roman entier au style assez froid, cette lettre vient tout casser, elle réchauffe et intensifie le livre d’une manière très singulière...Ce roman n’est donc pas un coup de cœur à proprement parler, mais c’est certainement une très belle découverte ! Ce qui me plait dans ce livre et qui me convainc qu’il pourrait aussi vous plaire, c’est qu’on est libre d’en faire la lecture que l’on veut : on peut être curieux de la scène de la lettre et le lire comme distraction pure – ce sera un livre génial dans ce rôle-là puisque l’histoire est loin d’être calme et morose – ; ou on peut le voir comme un livre qui va nous permettre d’étoffer notre vision de l’amour et de mieux appréhender la séduction, la passion, la sensualité, l’érotisme et l’amour (oui, tout ça).
Dites-moi : quelle est selon vous la différence entre l'amour et la passion ?
*Ce livre fait partie du challenge "L'UE en 28 livres".
Bises et à bientôt !