Après une réunion en préfecture entre élus, opposants et autres acteurs du dossier de l'incinérateur d'Echillais, un collectif de médecins appelle à la prudence face aux conséquences méconnues de certains toxiques rejetés.
Paul Delègue alerte les élus sur le manque de données concernant les risques de cancers autour des incinérateurs actuels.
Début septembre, élus, opposants, associations et services de l'Etat se sont rencontrés à la préfecture de La Rochelle pour évoquer le dossier de l'incinérateur d'Echillais. C'est dans ce contexte qu'ont décidé d'agir plusieurs médecins. Le collectif Santé environnement du littoral (Sel) regroupe une vingtaine de médecins du pays rochefortais, qui sont à l'origine d'un texte signé par 102 médecins exprimant leur inquiétude sur les toxiques rejetés par l'incinérateur, pouvant augmenter le risque de cancer. Suite à cette réunion, le collectif a souhaité réagir pour émettre des doutes sur les conclusions des élus et des services de l'Etat. Dans le communiqué de la préfecture, en effet, il est annoncé « l'efficacité des nouvelles technologies mises en oeuvre dans les incinérateurs de dernière génération et l'absence d'impact direct sur la santé ». Ce qui fait bondir les médecins.
Après de nombreuses sollicitations de leurs patients dès l'automne 2013, les médecins ont commencé à étudier le projet. Paul Delègue, praticien à l'hôpital de Rochefort, explique les conclusions du collectif : « Des études ont montré qu'il y avait plus de cancers autour des incinérateurs qu'à distance. Mais il n'y a pas d'études sur les nouveaux incinérateurs, après la norme de 2005 ». Et c'est sur ce flou scientifique que les élus, selon lui, ont fondé leurs propres conclusions. « Vinci et Jean-François Narbonne (toxicologue sur lequel s'appuient les élus, NDLR) se basent dessus en expliquant que ces études ne sont plus valables, donc qu'il n'y a plus de risques ». Ce qui est faux, pour les médecins, qui soulignent que l'absence d'études ne signifie pas absence d'impact. Et de rappeler des cas similaires avec la cigarette ou encore, plus récemment, l'amiante.
Les médecins, loin de vouloir alarmer la population, souhaitent exprimer leurs doutes sur les conclusions des élus sur les dioxines. « Des perturbateurs endocriniens et des particules très fines ne sont pas filtrées, comme d'autres polluants qui ne sont pas surveillés et sur lesquels on n'a pas de données. Ça nous a choqués, car il n'y a pas d'études sur leurs impacts, et ça suscite de fortes inquiétudes ». Le but du collectif est donc d'alerter les élus, de sorte que « ils ne puissent pas dire après qu'ils ne savaient pas ». Si le collectif ne se revendique pas opposé à l'incinérateur, il souhaite toutefois que des études soient menées pour déterminer le risque réel pour les populations. Certaines études sur 20 ans commencent d'ailleurs à tirer des conclusions, montrant un début de sur-risque de cancers autour des incinérateurs. « Et on n'est peut-être qu'au début de l'augmentation du risque » prévient Paul Delègue.
Article rédigé par : http://www.lhebdo17.com/actualite/Pays-rochefortais---Incinerateur-:-les-medecins-s-inquietent-des-rejets-3954.html