- que c’est presque fait, quasiment, c’est sur le point de, c’est juste une question de jours, de semaines, allez au pire une poignée de mois, le gouvernement s'apprête à instaurer en France des paquets de cigarettes neutres. On en parle depuis longtemps, ça va arriver. Un paquet neutre, sans logo ni signe distinctif, ne comportant que des messages qui sont censés faire peur, mais qui ne font peur qu’aux gens sensés, imprimés dans une typographie standard, toutes les marques ayant leur nom avec même taille et même police, et toujours les images choquantes, supposées dissuasives, qui ne dissuadent guère plus les fumeurs qui ne les voient plus. L’objectif est de dépouiller les emballages de tout élément de séduction. Ça pourrait fonctionner sur les futurs néo-fumeurs potentiels qui ne le deviendront donc pas. Cela calmera-t-il les anciens ? Cela les dégoûtera-t-il, cela anéantira-t-il leur envie ? Cela les poussera-t-il à arrêter, ou à repeindre les paquets, ou encore à acheter des coques qui ne manqueront pas d’être commercialisées par des petits malins ? Déjà, ça va avoir un premier net effet, ça va agacer les industriels du tabac. Parfois, on vise la cible, parfois, on l’atteint, même parfois en plein cœur, et parfois non.
- que trois Français présumés jihadistes, dont le beau-frère de Mohamed Merah, sont rentrés en France sans être arrêtés. Ils étaient de retour de Syrie via la Turquie, ils devaient être interpellés à leur arrivée à l’aéroport parisien d’Orly et placés en garde à vue. Le ministère l’avait même annoncé. Mais ils ont atterri à Marseille. Les services français n’ont été informés par leurs homologues turcs de ce changement de vol qu’après l’arrivée sur le sol français des trois ressortissants expulsés, s’est justifié le ministère. Problème de pigeon voyageur sans doute. Trop lent, trop vieux, le pigeon, à coup sûr. Ou alors, le pigeon ne parlant que le turc, on a cherché un interprète parlant le turc et le langage pigeon, dans Paris. Le temps de sceller les chevaux ou d’atteler le carrosse, puis de graver les pierres pour faire passer le message, les jihadistes s’étaient évaporés. Parfois, on vise la cible, parfois, on l’atteint, même parfois en plein cœur, et parfois non.
- qu’un mouvement de grève a été lancé hier à la SNCF. Vous allez me dire que l’information n’est pas fraîche, vous qui êtes de mauvaise foi, et qui sous-entendriez par là que les grèves SNCF sont courantes, fréquentes, ordinaires, communes, usuelles, banales et habituelles. Elle n’est pas fraîche, mon information ? Si, elle l’est. Pêchée d’hier, et mise au frais depuis. Car c’est une grève originale, non pas car elle a touché les lignes J et L du Transilien, parce que cette info-là n’est ni pertinente ni hilarante, mais parce qu’elle visait à soutenir deux agents qui passaient dans l’après-midi en conseil de discipline pour avoir bu du punch un dimanche soir de février 2013 à leur poste de travail, un poste d'aiguillage très sensible du réseau Paris-Ouest. Entre fête du travail et fête au travail, il n’y a qu’une lettre qui diffère, et encore, juste une légère torsion du haut du D, donc, vraiment, la direction de la compagnie exagère. Une grève illimitée jusqu’à la Saint-Sylvestre avec assemblée générale pour décider de la poursuite ou non, avec pot d’accueil, vin à table et champagne au dessert, me semble être le minimum dans le contexte. Parfois, on vise la cible, parfois, on l’atteint, et même parfois en plein cœur, et parfois non.
jeudi 25 septembre 2014