Des chercheurs de l’University of New Mexico (US) annoncent dans la revue Nature Communications, le développement d’un test de l’haleine permettant de détecter les bactéries de la tuberculose résistantes à l’antibiotique isoniazide, utilisé couramment pour traiter la tuberculose en particulier à titre préventif chez certains groupes de personnes vivant avec le VIH. Des résultats prometteurs mais obtenus chez l’animal et qui doivent encore être validés chez l’Homme.
Chaque année, près de 9 millions de personnes tombent encore malades de la tuberculose et 1,3 millions en décèdent. 3 millions de personnes atteintes n’ont toujours pas accès aux soins adaptés et les formes extrêmement résistantes de la maladie progressent. Si la maladie était détectée et traitée à temps, 400.000 décès pourraient être évités. Cependant, les méthodes actuelles de détection de la tuberculose passent par des cultures bactériennes et des examens au microscope qui peuvent prendre jusqu’à 6 semaines. Des nez électroniques sont déjà en cours de développement, qui recueillent et analysent des échantillons d’haleine pour diagnostiquer la tuberculose. Cette innovation est très attendue compte-tenu du fardeau mondial que représente la maladie.
Ce nouveau test expérimental « isoniazid-sensitive » permettrait, en quelques minutes, de détecter la présence de bactéries sensibles ou non à l’isoniazide, par analyse de l’air expiré par le patient. Le test utilise la spectrométrie de masse qui identifie les molécules par leur masse. Le Dr Graham Timmins, professeur à l’Université du Nouveau-Mexique, auteur principal de l’étude, explique que la conversion de l’isoniazide en sa forme active, au contact d’une enzyme spécifique de la TB, peut-être identifiée grâce à l’un des gaz dégagés lors de l’activation du médicament.
Ici, l’expérience a été menée sur des lapins qui ont reçu une forme particulière d’isoniazide, marquée, afin de pouvoir « la suivre » à partir des poumons et analyser la signature gazeuse unique des bactéries. En l’espace de 10 mn, le test indique, chez l’animal, si la souche de la tuberculose est sensible à l’isoniazide (résultat positif) ou non.
Actuellement, la détection de la TB repose sur l’analyse bactérienne de la culture d’expectoration des patients ou sur une nouvelle méthode d’analyse ADN, GeneXpert approuvée par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS). Mais la détection des souches résistantes et a fortiori le profil de résistance exige des délais bien plus longs. Or la résistance est le principal défi à relever dans le cas de la TB : On estime aujourd’hui que plus de 40% des cas de tuberculose sont résistants aux traitements, un phénomène est en émergence depuis plusieurs années, avec des souches de plus en plus résistantes nommées MDR-TB, la XDR-TB, la TDR-TB (totally drug-resistant). L’OMS à 310.000 le nombre de cas de tuberculose multi-résistante dans le monde chaque année, dont près de 9% de cas de tuberculose ultrarésistante.
D’autres initiatives de recherche portent sur cette détection rapide des résistances, par pyroséquençage, une technique de séquençage rapide de l’ADN, via un autre test génétique GenoType® Mycobacterium CM de Hain, un test commercial qui détecte les mutations génétiques dans les bactéries, et le « MODS » test qui passe au crible les prélèvements au microscope. Ces 3 tests tests apportent des résultats identiques au test standard mais sont jugés plus rapides à identifier les patients qui ont besoin de thérapies spécifiques.
Ce test expérimental de l’haleine apporterait, selon les auteurs, une plus grande sensibilité et une disponibilité presqu’instantanée des résultats. Reste à l’élargir à d’autres traitements que l’isoniazide et à tester ses performance chez l’Homme.
Source: Nature Communications 23 September 2014 doi:10.1038/ncomms5989 Rapid in vivo detection of isoniazid-sensitive Mycobacterium tuberculosis by breath test
(Visuel CDC “TB bacteria”@Dr. George P. Kubica)
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