Vendredi soir dernier, j’ai assisté à la première d’Un diner d’adieu avec enthousiasme. Matthieu Delaporte et Alexandre de la Patellière s’étaient illustrés avec la manière avec la pièce Le Prénom. Eric Elmosnino, Audrey Fleurot, Guillaume de Tonquedec encadrés par Bernard Murat annonçaient un joli moment sur le papier, la promesse allait-elle être tenue?
Un texte effilé au service d’une comédie amusante
Le premier plaisir de cette comédie c’est le texte, servi par une belle distribution. Qui n’a pas dans son répertoire quelques amis qui n’en sont plus vraiment, des relations alimentées par bienséance? On en a tous, a priori. En revanche, qui affronte cette vérité et décide de couper dans le vif? Beaucoup moins de personnes. Une question de courage? Peut être. L’habitude? Certainement. Un certain confort? Assurément. Parce que même si les relations sont distendues ou faussées, il est de bon ton d’être invités et de rendre les invitations, il est bien vu d’avoir une vie sociale riche, même si elle n’a pas toujours le goût souhaité. Matthieu Delaporte et Alexandre de la Patellière s’attaque à ce sujet traité d’ordinaire dans l’intimité des appartements.
Pierre et Clotilde Lecoeur décident d’organiser des dîners d’adieu sous les conseils de Boris, un ami de Pierre. Ces dîners s’annoncent comme des moments d’exception avec à la clé les mets préférés des invités, le vin de l’année de naissance de l’ami dont on se sépare, les cadeaux offerts en bonne place… Toute cette organisation est bien évidemment prévue sans que les intéressés ne sachent ce qui se trame en réalité. C’est Antoine Royer, le plus vieil ami du couple qui ouvrira le bal. Rien ou presque ne se passera comme prévu…
Des sourires et des rires
La pièce débute par des sourires complices lorsque le public découvre Pierre qui traîne les pieds pour se rendre à un dîner. Sa femme est prête et le somme de se hâter pour qu’ils n’aient pas trop de retard. Débute alors une conversation où le couple réalise qu’ils n’ont plus grand chose en commun avec leurs hôtes… Clotilde se laisse convaincre par son époux qui lui soumet l’idée des dîners d’adieu. Elle accepte, à la condition que ce soit un ami de Pierre qui inaugure les adieux. Pierre accepte et suit le protocole de Boris à la lettre.
Audrey Fleurot l’élégante est sublime dans le rôle d’une bourgeoise un peu castratrice, Guillaume de Tonquedec dans le rôle d’un dépressif chronique nous embarque dans sa vérité et Eric Elmosnino est mon coup de coeur de ce dîner. Son interprétation à mi-chemin entre la gêne et l’assurance feinte, le rôle du mari qui se défile d’ordinaire pour éviter les situations embarassantes et décide d’aller au bout de cet engagement sous le regard appuyé de sa femme a fait rire tout le théâtre. Il ira au bout cette fois, mais à quel prix?
Allez voir Un dîner d’adieu, vous passerez un agréable moment, et qui sait, en sortirez avec quelques idées… Ou pas.
Théâtre Edouard VII
10 place Edouard VII
75009 PARIS
01 40 07 00 77
Métro: Opéra, Madeleine