L’Université de Nottingham s’est interrogée gravement sur les conflits que les compteurs intelligents pourraient provoquer. Chacun sait comment les négociations sur les taches domestiques peuvent se transformer en disputes sérieuses. Dans l’avenir, les chiffres de la consommation individuelle d’énergie pourraient être affichés sur les compteurs intelligents et mettre de l’huile sur le feu dans les couples et dans les colocations.
Les chercheurs en psychologie se sont intéressés aux émotions ressenties par des colocataires lorsque l’un d’entre eux consomme manifestement beaucoup plus d’énergie que les autres. Les cobayes ont témoigné avoir ressenti des émotions très puissantes : de la colère, de la culpabilité, voire même de la peur.
Chaque participant à l’étude, publiée dans Frontiers in Energy Research, partageait une maison avec trois autres personnes qu’il ne connaissait pas. Ils expérimentaient deux scénarios différents avant de répondre à une série de questions sur leur consommation et leurs réactions face à la situation vécue.
Chaque personne payait d’abord 20 £ par semaine, puis la facture individuelle augmentait à 35 £, et le compteur révélait qu’une personne au moins utilisait significativement plus d’énergie.
L’affichage d’infos individuelles sur un compteur intelligent pourrait ne pas encourager les gens à coopérer pour réduire leur consommation d’énergie.
Les résultats montrent que plus les gens avaient d’informations sur la consommation individuelle de leurs colocataires, plus ils éprouvaient de la colère, et l’envie de punir ceux qui tirent trop sur la ficelle. Face à cette injustice ressentie, 35% des cobayes ont souhaité provoquer une réunion, avec la ferme intention pour un quart d’entre eux de faire payer le « resquilleur ». En troisième intention seulement, venait l’idée de demander à celui qui consommait trop de réduire sa consommation.
L’affichage d’infos individuelles sur un compteur intelligent pourrait décourager les gens de coopérer
En revanche, dans une situation où le compteur ne permettait pas de connaitre les consommations individuelles, mais donnait une valeur moyenne en hausse, les émotions ressenties étaient la peur et la culpabilité, et le reflexe était de réduire la consommation d’énergie, par exemple en s’organisant pour éteindre les appareils non utilisés.
Cette étude montre donc que l’affichage d’infos trop détaillées pourrait ne pas être le système le plus efficace pour encourager les gens à réduire leur consommation d’énergie.
Remonter à la source :
Energy sharing and energy feedback: affective and behavioral reactions to communal energy displays