Pasireotide versus administration en continu d’octreotide ou de lanreotide chez des patients atteints d’acromégalie inadéquatement contrôlée : essai de phase 3 randomisé

Publié le 24 septembre 2014 par Tartempion77 @NZarjevski

Visage caractéristique d'un patient souffrant d'acromégalie. Philippe Chanson et Sylvie Salenave, in Orphanet Journal of Rare Diseases 2008, 3:17 (...)
Source: http://fr.wikipedia.org/wiki/Acrom%C3%A9galie#mediaviewer/File:Acromegaly_facial_features.JPEG

Beaucoup de patients atteints d’acromégalie ne parviennent pas à contrôler leur pathologie sur le  plan de sa biochimie, malgré de hautes doses d’analogues de la somatostatine de première génération octreotide ou lanreotide. Dans l’essai PAOLA, notre but était d’étudier l’efficacité et l’innocuité de l’analogue de la somatostatine à effet prolongé pasireotide en comparaison de son contrôle actif (octreotide ou lanreotide) chez des patients atteints d’acromégalie inadéquatement contrôlée.
Dans cette étude multicentrique de phase 3 randomisée, nous avons recruté des patients âgés de 18 ans ou plus atteints d’acromégalie inadéquatement contrôlée (5 indices patents, concentration moyenne en hormone de croissance sur 2h > 2.5 µg/L et concentration en facteur de croissance analogue à l’insuline 1 [IGF1] > 1.3 fois au dessus de la limite de normalité) et qui avaient reçu 30 mg d’octreotide à effet prolongé – à doses répétées – ou 120 mg de lanreotide (Somatuline Autogel ; Ipsen, UK) en monothérapie pendant 6 mois ou plus. Nous avons réparti les patients de manière aléatoire sous ratio 1 :1 :1 à l’aide d’un système vocal interactif par internet pour recevoir 40 mg de pasireotide à effet prolongé une fois tous les 28 jours pendant 24 semaines, 60 mg de pasireotide à effet prolongé une fois tous les 28 jours pendant 24 semaines, ou [octreodide en continu ou lanreotide en continu] (contrôle actif). Les patients ont été stratifiés selon leur traitement préalable (octreotide ou lanreotide) et leur concentration en hormone de croissance à la sélection (2.5-10.0 µg/L et > 10 µg/L). À la fois les patients et les investigateurs avaient accès au tableau de randomisation ; toutefois, ni les patients ni les investigateurs n’avaient accès à l’allocation de la dose de pasireotide administrée. Le critère principal d’évaluation étaient le nombre de patients parvenant au contrôle de leur pathologie sur un plan biochimique, défini par une concentration moyenne en hormone de croissance inférieure à 2.5 µg/L et une normalisation de la concentration en IGF-1. Les analyses d’efficacité ont été effectuées sur population en intention de traiter. (…).
Entre le 17 décembre 2010 et le 6 août 2012, 198 patients ont été recrutés et assignés de manière aléatoire pour recevoir pasireotide 40 mg (n=65), pasireotide 60 mg (n=65) ou le contrôle actif (n=68). À 24 semaines, dix (15%) patients du groupe pasireotide 40 mg et 13 (20%) patients du groupe pasireotide 60 mg sont parvenu au contrôle de leur pathologie sur un plan biochimique, en comparaison du groupe contrôle actif – où aucun patient n’est parvenu au contrôle de la pathologie sur un plan biochimique – (différence absolue entre groupe médicament à l’étude et groupe contrôle actif 15.4%, Intervalle de Confiance [IC] 95% 7.6 – 26.5, p=0.0006 pour le groupe pasireotide 40 mg, 20.0%; 11.1-31.8, p<0.0001 pour le groupe pasireotide 60 mg). Les évènements indésirables relevés étaient hyperglycémie (21 [33%] pour le traitement avec pasireotide 40 mg, 19 [31%] pour le traitement avec pasireotide 60 mg, et neuf [14%] pour le contrôle actif), diabète (13 [21%], 16 [26%], et cinq [8%]), et diarrhée (dix [16%], 12 [19%], et trois [5%]) ; la plupart des évènements relevés affichaient une sévérité de grade 1 ou 2. Des évènements indésirables graves ont été rapportés chez six (10%) patients du groupe pasireotide 40 mg, deux (3%) dans le groupe pasireotide 60 mg, et trois (5%) dans le groupe contrôle actif.
Le pasireotide fournit une efficacité supérieure en comparaison d’un traitement en continu avec octreotide ou lanreotide ; le pasireotide pourrait ainsi devenir le nouveau traitement de référence de l’hypophyse chez les patients atteints d’acromégalie inadéquatement contrôlée avec les analogues de la somatostatine de première génération. Dr Mônica R Gadelha MD et al, dans The Lancet Diabetes & Endocrinology, publication en ligne en avant – première, 24 septembre 2014
Financement : Novartis Pharma AG, (…) Novartis Pharmaceuticals Corporation
Source : The Lancet Online / Traduction et adaptation : NZ