Cette conclusion pourra peut-être convaincre les consommateurs récalcitrants : car si le Plan National Nutrition Santé (PNNS) en recommande 5 portions par jour, pour leurs effets protecteurs contre un grand nombre de maladies, dont le cancer, cette étude de l’Université de Warwick révèle leur bénéfice pour la santé mentale et le moral. Les conclusions, présentées dans le BMJ Open, montrent en effet que chez un individu, les hauts et bas de son moral vont de pair avec les variations de son apport quotidien en fruits et légumes.
L’effet protecteur sur la santé physique des fruits et légumes est largement documenté, en particulier sur le risque de nombreux cancers, en particulier ceux des voies aérodigestives supérieures, de l’estomac, du poumon, du côlon et du rectum.
Cette recherche a porté sur les données de santé mentale et physique de 14.000 participants participant à la Health Survey for England dont le niveau de bien-être mental a été évalué à l’aide d’une échelle reconnue (Warwick-Edinburgh Mental Wellbeing Scale – WEMWBS) ; Un score dans les 15% plus élevés correspondait à un bien-être mental élevé, entre 16 et 84% à un bien-être moyen, dans les 15% plus faibles, à un faible bien-être. L’analyse constate cette association permanente entre « mental et végétal » : Parmi les répondants ayant un bien-être mental élevé,
· 33,5% consomment ces 5 portions ou plus de fruits et légumes par jour,
· 31,4% 3 à 4 portions par jour,
· 28,4% une à 2 portions par jour,
· 6,8% moins d’une portion par jour.
Le Dr Saverio Stranges, de l’University of Warwick’s Medical School, auteur principal de l’étude, résume ces chiffres en concluant que plus élevé est l’apport quotidien en fruits et légumes et moins élevé est le risque de perdre le moral.
Certes d’autres facteurs de mode de vie sont connus pour influer sur le bien-être mental. Ainsi, l’étude montre aussi que,
- le risque de faible bien-être mental est accru de 72% chez les personnes obèses (IMC >40 kg / m2).
- le risque de faible bien-être mental augmente de manière linéaire avec le tabagisme et jusqu’à être accru de 98% (pour 20 cigarettes / jour)
- il augmente aussi avec la diminution de l’apport en fruits et légumes et jusqu’à 53% (en cas de consommation de moins d’1 portion par jour),
- en revanche, un bien-être mental élevé n’apparait pas corrélé à l’IMC ou à la consommation d’alcool.
Ainsi la consommation de fruits et légumes est le seul facteur, avec le tabagisme (ou son absence), associé de manière dose-dépendante et aussi fortement, chez les hommes comme chez les femmes, à l’augmentation du bien-être. La consommation de fruits et de légumes pourrait ainsi jouer un rôle préventif important, en santé publique, contre les troubles de la santé mentale.
Le bien-être mental est lui-même « pourvoyeur » de bonne santé physique, ajoutent les auteurs. C’est un état dans lequel les gens se sentent bien et fonctionnent bien. L’optimisme, le bonheur, l’estime de soi, la résilience et de bonnes relations avec les autres vont protéger contre la maladie mentale, mais aussi contre les maladies physiques.
Pour ces chercheurs, le bien-être fait partie de la santé et il est devenu important de travailler sur les facteurs qui permettent aux gens d’entretenir ce sentiment de bien-être. Leurs résultats suggèrent que la consommation de fruit et de légumes pourrait être l’un de ces facteurs.
Source: BMJ Open 19 September 2014 doi:10.1136/bmjopen-2014-005878 Major health-related behaviours and mental well-being in the general population: the Health Survey for England (Visuel © xalanx – Fotolia.com)