« Fat doesn’t pay », titre ainsi cette étude suédoise qui révèle que les adolescents obèses sont payés 18% de moins au moment de leur entrée sur le marché de l’emploi. Des conclusions obtenues à partir de données démographiques sur plusieurs pays, qui confirment la discrimination à l’emploi persistante à l’égard de l’obésité, mais apportent une raison supplémentaire au bon maintien d’un poids de santé.
Une étude précédente a montré que les jeunes femmes obèses paient également le prix du surpoids à l’entrée sur le marché du travail. Cette étude montre l’équivalent chez les hommes, déjà en surpoids ou obèses à l’adolescence.
Petter Lundborg de l’Université de Lund, Paul Nystedt de l’Université de Jönköping et Dan-Olof Rooth de l’Université Linneas (Suède) ont rapproché et comparé les données de salaire (impôts) et d’IMC,
à de 145.193 frères suédois âgés de 28 à 39 ans en 2003. Leurs résultats ont ensuite été rapprochés de données équivalentes issues des études britannique : British National Child Development Study et américaine : US National Longitudinal Survey of Youth. L’analyse montre que les adolescents obèses vont gagner jusqu’à 18% de moins, à l’âge adulte.Le prix de l’obésité se chiffre à peu près à 3 années d’études en moins, expliquent les auteurs : « Pour mettre ce chiffre en perspective, le gain estimé lié à une année supplémentaire d’études en Suède est d’environ 6%. Le prix de de l’obésité correspond donc à près de trois années d’études en moins. Une pénalité du même ordre de grandeur confirmée par l’analyse portant sur le Royaume-Uni et les États-Unis.
Une interprétation qui va au-delà de la discrimination : Sur la base des autres données recueillies (scores de mémoire, d’attention, de logique et de raisonnement et pour les compétences non cognitives motivation, confiance en soi, sociabilité et persistance) les chercheurs attribuent une
partie de la perte de salaire à des niveaux fréquemment inférieurs de compétences cognitives et non cognitives. Mais, expliquent-ils, cela a tout de même « à voir » avec l’intimidation liée au poids, durant l’enfance et l’adolescence, une faible estime de soi et l’expérience fréquente de la discrimination.L’appel est toujours le même, cibler les interventions de prévention du surpoids et de l’obésité, sur les foyers à faible revenu pour réduire les disparités de développement des enfants et des adolescents liées aux inégalités socio-économiques. La perspective est aussi de prévenir des effets à long terme sur la croissance économique et la productivité. Bref, c’est à nouveau l’importance et l’urgence de nouvelles politiques de lutte contre l’obésité dès la petite enfance qui sont rappelées ici pour réduire les dépenses de santé, les inégalités et les baisses de productivité qui amènent la pauvreté.
Source: Demography 09 September 201410.1007/s13524-014-0325-6 Body Size, Skills, and Income: Evidence From 150,000 Teenage Siblings