Aujourd’hui, à Rock en Seine, je rencontre David Roads. Guitariste d’Airbourne, une heure avant leur live magistrale sur la Main Stage du festival.
Lords of Rock : Salut David, comment ça va ?
David : Salut, ça roule, on est en tournée et en escale aujourd’hui à Paris pour le festival.
Airbourne est en tournée en Europe en ce moment, est-ce que le public français vous a manqué ?
Oh ouais, on a fait quelques festivals déjà en Europe et en France. Les fans sont toujours présents, et enthousiastes. C’est un plaisir de jouer pour vous.
On a plutôt l’habitude de voir Airbourne dans des festivals Hard Rock et Métal comme le Sonisphere, les Hellfest, Graspop etc…. Que penses-tu de ce Festival plutôt axé Rock et Pop ?
C’est vrai qu’on ne connaît pas encore ce festival, mais la programmation est vraiment bien. Et l’endroit est super. On joue à 16H tout à l’heure sur la Main Stage, on a plutôt dans l’idée que ça va être une bonne journée de concerts.
Pendant que vous êtes à Paris, vous avez du temps libre pour aller visiter ? Par exemple la place Pigalle, et tous les magasins de musique ? Ou des endroits plus touristiques ?
Malheureusement non pas cette fois, on enchaine directement avec un live à Portsmouth. On repart tôt ce soir. Mais d’habitude vers février on fait un show à Paris, là on a une journée de repos alors on prend le temps de visiter. Paris est une belle ville.
Qu’est-ce qui t’a fait prendre une guitare et faire du Rock N Roll au début ?
Ah… tu sais, quand t’es un gamin et que t’entends pour la première fois Led Zeppelin, Def Leppards, Creedence Clearwater Revival, ACDC et tous ces groupes. C’est ça qui m’a fait aimer ce genre de musique. Ça te prend aux tripes, et t’a envie de t’amuser comme eux le font. J’ai commencé en faisant de la batterie, avant de me mettre rapidement à la gratte. La guitare, tu peux l’amener partout, c’est pas le cas d’une batterie. Et puis quand Internet est arrivé, ça a donné accès à pleins de tablatures, pleins de morceaux et de vidéos sur l’instrument. Ça aide beaucoup à progresser.
Est-ce que tu as étudié la musique ? Ou est-ce que le Rock était déjà dans tes veines australiennes ?
J’ai étudié la musique oui, je suis « grade 5 ». Mais j’ai vite arrêté, ce genre de cours est ennuyeux. Je voulais surtout pouvoir faire de la musique comme j’en ai envie, laisser le coeur s’exprimer. Je ne voulais pas trop m’embarrasser avec la théorie. Regarde, la plus part des guitaristes du blues au hard rock ne savent pas lire les notes, ils prennent leur guitare et jouent ce qu’ils veulent en fonction de ce qu’ils entendent et ressentent. C’est ça le truc que je voulais faire.
Tout le monde vous compare à ACDC, alors moi aussi je vais le faire : Est-ce que Joel & Ryan O’Kieffe sont les Angus & Malcolm Young d’aujourd’hui et de demain ?
[Rires] Oui carrément. A ceci près que Ryan est à la batterie. Ce genre de sons typique, on appelle ça l’ « Australian Rock ». Tous les groupes du genre sonnent de cette façon. Depuis les débuts du Rock Australien, jusqu'à ACDC. On est fan d’ACDC biensur, on aime ce style, et content de faire partie de ce mouvement.
Est-ce que vous avez déjà jammé avec les mecs d’ACDC ?
Non, on a pour l’instant jamais rencontré les gars d’ACDC, et jamais joué avec l’un d’eux. Mais biensur que si ça arrivait ce serait un honneur. On a bossé avec Mike Fraser, l’ingé son d’ACDC sur notre dernier album. Je sais que Malcolm Young n’est pas en forme en ce moment, je lui souhaite un bon rétablissement, et qu’on le revoit sur scène prochainement.
Qui sont les meilleurs guitaristes avec qui tu as jammé ?
Ah … laisse-moi réfléchir 2 secondes … On a joué avec Dan & Justin Hawkins (Guitare et chant de The Darkness), on avait repris WHOLE LOTTA ROSIE sur scène, c’était un grand moment. Et avec Robert Flynn (Guitariste de Machine Head). On a déjà croisé des gens comme Slash en backstage, mais jamais pris le temps de jammer sur scène avec eux. Ce serait cool en effet.
L’ouverture du dernier album est READY TO ROCK, les paroles racontent comment Joel est descendus sur les “crossroads”, pour faire un pacte avec le diable. Est-ce que vous aviez vraiment besoin de faire un pacte avec lui pour dégager autant d’énergie sur scène ?
C’est plutôt un code, une référence. Tu sais, il y a cette histoire du Blues avec Robert Johnson qui aurait vendu son âme au diable sur les crossroads. Toute l’attitude et les références du Rock N Roll sont parties de là. C’est les racines, on voulait ça comme base pour souligner notre cri de ralliement READY TO ROCK.
Et s’il était apparu en “Girl in Black” ?
Oh ouais, s’il était apparu en « hot chick dressed in black » j’aurais vendu mon âme directement [Rires].
Le titre de l’album “Black Dog Barking” est une allusion au titre de Led Zeppelin "Black Dog" ?
Non, non, "Black Dog" de Led Zep’ a plutôt des paroles rock n roll, sur la rigueur des tournées, et la façon dont le groupe avait vécu les fans folles comme si c’était un chien noir sur leurs dos qu’il fallait nourrir incessamment. Notre Black Dog est plutôt ce gros chien qui nous pousse à avancer, à courir toujours plus vite. Il y a cette image du « Black Dog » de Winston Churchill pendant la seconde guerre mondiale, ce chien qu’il fallait toujours repousser pour arriver à ses fins. C’est notre chien noir qui aboie. Et puis, c’est Rock N Roll, ça allais pour le titre de la chanson, et pour le titre de l’album.
Est-ce que tout le monde dans le groupe ouvre les bières comme Joel le fais sur scène ?
[Rires] Non, on ouvre nos bières normalement, et on les bois normalement aussi.
Joel est toujours en train d’escalader tout ce qu’il trouve, et de courir partout. Il est déjà tombé, ou il s’est déjà blessé en faisant ça ? Que fais le groupe dans ce cas-là ?
Joel n’est jamais tombé, heureusement qu’il n’est jamais tombé même. Mais on lui fait confiance en même temps. Ca fait parti du show, il a déjà atterris sur du matériel pas stable. Une fois il s’est foulé la cheville. Il a fini le concert en sautillant et en boitant. Ce qui est super pour le « Duck Walk » au passage.
Maintenant vous avez tourné avec beaucoup de “Rock n Roll Masters”. Ca fait quoi d’avoir Lemmy Kilmister ou Nikki Six dans son carnet d’adresse ?
Dans mon carnet d’adresse ? [Rires] C’est pas comme si on s’écrivait des lettres tous les jours. C’est plutôt de l’amitié mutuel. Tu sais, c’est un honneur, on a grandi en écoutant ces gars. Maintenant on a fait des concerts avec eux, et fait leurs premières parties. Lemmy est venu participer au tournage de RUNNIN’ WILD, c’était super. Il est vraiment généreux.
Quel CD tu prendrais dans ta tombe ?
Je ne sais pas. Je dirai les premiers trucs qui m’ont fait aimé le rock, ACDC, Led Zeppelin… Je dirais « Back in Black » « Razor’s Edge» ou « Let there be Rock ». Je peux en prendre 2 ?
Non un seul !
Je prends « Razors Edge » alors !
Vous travaillez sur un nouvel album ?
Oui, on écrit pas mal pendant la tournée. On garde pas mal de riffs, et de bonnes idées. La tournée prendra fin en novembre de cette année. Là on sera de retour en Australie. Et on pourra commencer à enregistrer.
Quels sont les groupes que tu écoutes en ce moment ?
J’écoute toujours autant les classiques. C’est la bible quoi. Actuellement j’écoute des groupes australiens, Dead city Ruins, Palace of the Kings, Kings of the North. C’est des groupes de chez nous. J’aime aller les voir en live quand je suis là-bas. Certains d’entre eux ont même commencé à tourner. Je vais voir pas mal de festivals aussi, j’aime aller voir des lives et découvrir des nouveaux groupes.
Pour toi, le meilleur guitariste au monde ?
C’est dur comme question, il y en a tellement… Va falloir que je dise les Young Brothers. Parce que j’ai grandi en étant fan de ce genre de Rock N Roll. Ou les mecs de Judas Priest, K K Drowning & Glenn Tipton. Phil Campbell de Motorhead. Et Gary Moore, meilleur guitariste Blues Rock. La liste est longue !
Et si je te dis qu’un des premiers morceaux de guitare que j’ai appris quand j’ai démarré c’est TOO MUCH TOO YOUNG TOO FAST ?
Ouais cool, pour moi les premiers riffs c’était SMOKE ON THE WATER de Deep Purple et BACK IN BLACK d’ACDC. Des riffs simples, qu’on peut apprendre tranquillement. TOO MUCH TOO YOUNG TOO FAST n’est pas trop dur. C’est vrais, c’est cool si les débutants commencent avec ça. Tout est basé sur le rythme de ton pied. Si tu peux le garder, c’est gagné.
Ta bière préférée ?
Oh, y’a tellement de bonnes bières. En Europe y’a des bonnes bières qui ont du gout et qui donnent pas une énorme gueule de bois. Mais va falloir que je reste sur VB – Victoria Bitter (de Melbourne). C’est une bonne bière qu’on aime partager ensemble quand on est à la maison.
Dernière question : IT’S A LONG WAY TO THE TOP, IF YOU WANNA ROCK N ROLL ? (La route est longue jusqu’au sommet pour faire du rock n roll ? est le titre des débuts d’ACDC sur les difficultés des tournées et de vivre de la musique et du rock'n'roll)
Oui ça l’est. Bon déjà on ne sait pas trop où est le « TOP ». On est plutôt en plein milieu de l’échelle, en train d’essayer de l’escalader. On est dans le bus la plupart du temps, on ne dort pas forcément bien. Ce n’est pas la fiesta tous les jours. Mais quand on aime être sur scène, et faire un show de fou face à des gens qui prennent plaisir et qui partage cette attitude. Ça vaut le coup. Vraiment. Merci David, c’était un plaisir. Merci