A mi-chemin entre Moulins et Bourbon l'Archambault, le village de Saint-Menoux dresse, au milieu de son bourg, la flèche de sa vieille église, l'un des plus beaux sanctuaires du Bourbonnais.
Saint-Menoux, évêque Irlandais, naquit au VIIè siècle. D'Irlande, il se rendit en Grande-Bretagne, puis en Armorique jusqu'à Quimper où il fut ordonné prêtre et évêque.
Au retour d'un voyage à Rome, épuisé et et malade, il parvint au petit village de Mailly-sur-Rose, devenu Saint-Menoux, où il séjourna quelques temps pour prendre du repos. C'est ici, dans ce village du bocage bourbonnais, qu'il acheva son existence.
L'église actuelle fut construite durant la seconde moitié du XIIè siècle, à l'emplacement de l'ancien sanctuaire élevé pour honorer la mémoire de Ménulphus ( Saint-Menoux ).
A l'extérieur, le chevet s'ordonne élégamment sous la haute silhouette du clocher, flanqué de sa tourelle d'escalier.
La façade actuelle est celle de l'église du XIè siècle. Le côté Nord de l'église a été alourdi par des contreforts qui datent du XVè siècle.
Au Sud, dans la cour du presbytère, il est encore possible de voir les vestiges d'un ancien cloître de la fin de l'époque gothique.
Les chapelles rayonnantes sont étayées de contre-forts colonnes aux cahpiteaux feuillus.
A l'intérieur, la nef du XIIIè siècle, retouchée au XVè siècle, et les bas-côtés présentent de nombreuses oeuvres d'art, dont une Vierge de pitié du XVIè siècle dans le bas-côté droit, et dans le bas-côté gauche, un autel en chêne sculpté.
Le narthex, du XIè siècle, s'ouvre par un large portail en plein cintre. Il est orné de chapiteaux primitifs et abrite un musée lapidaire dont on retiendra un bas-relief repésentant, dans une mandorle, un Christ bénissant entouré par les symboles des quatres évangélistes et l'Agneau pascal.
Le choeur présente des proportions admirables. Il est fermé par des piliers à chapiteaux surmontés par de sobres arcatures séparés de fenêtres hautes par un bandeau de grecques.
Dans le déambulatoire, l'alternance des piliers et des pilastres cannelés révèle des influences bourguignonnes.
Le sarcophage placé derrière le maître-autel abrite les restes de Saint-Menoux que l'on peut voir à travers les ouvertures vitrées, lequel avait, aux siècles passés, réputation de guérir les simples d'esprit.
La ( ou le ) débredinoire est d'ailleurs la curiosité locale de Saint-Menoux. Il s'agît d'une pierre creusée en forme de tombeau avec, sur le côté, une ouverture semi-circulaire qui permettait aux simples d'esprit d'y placer leur tête en vue d'obtenir leur guérison.
Le mot " berdin " ou " bredin ", essentiellement d'origine bourbonnaise, désigne une personne qui n'a pas toute sa raison. Aussi, les anciens eurent-ils recours à Saint-Menoux pour soigner leurs " bredins ". Ils conduisaient leurs fous ou simples d'esprit au tombeau du Saint, placaient la tête de ces derniers dans l'ouverture du sarcophage et obtenaient, selon la légende, leur guérison.
C'est ainsi que ce tombeau devint la ( ou le ) débredinoire de Saint-Menoux, c'est-à-dire, le lieu où l'on cesse d'être fou ou bredin.