Une bulle spéculative est une frénésie qui emporte le marché boursier. C’est une folie aussi soudaine qu’imprévisible. Entrainée par son enthousiasme et par l’envie d’empocher gros, une masse d’acheteurs se jette sur les actions d’une même compagnie. Ce mouvement entraine le gonflement artificiel de leur valeur, sans aucune logique par rapport au marché. L’illusion est généralement éphémère et donc suivie par une revente paniquée d’actions. Bon nombre de crises économiques ne sont donc que des bulles qui ont éclaté. Voici un palmarès des bulles les plus importantes.
En 1637, le monde souffle sa première bulle : la tulipomanie. À l’hiver, la Hollande développe tout d’un coup une passion sans borne pour les tulipes. Cette année-là, l’espoir d’une seule fleur dans son jardin pouvait coûter à un ouvrier près de vingt années de son salaire. Une fois la mode passée, la chute est fatale. La région met des années à s’en remettre et plusieurs familles sont ruinées. La véracité de ces évènements est remise en question, mais leur déroulement demeure une mise en garde pertinente.
Le vieux continent est à son meilleur au 19e siècle. Les expositions universelles se suivent et assurent une bonne réputation aux régions qui les accueillent. Quand vient le tour de Vienne en 1873, une centaine d’entreprises s’emballe et saute sur l’occasion d’investir. L’expo, moins rentable que prévue, est un échec total. Elle entraîne ses investisseurs dans la faillite et provoque une dépression économique.
Il semble plus profitable d’investir ses REER dans une villa au soleil que dans une unique bulbe de tulipe. Bon nombre de familles ont pourtant dû regretter l’achat de leur coin de paradis en 1926. À ce moment, l’engouement pour la Floride était tel que les prix du domaine immobilier ont quadruplé en moins d’un an. Un agent est même allé jusqu’à publier dans un journal un article expliquant que l’arrivée d’un courant arctique en Californie allait faire chuter drastiquement la température obligeant ainsi les studios hollywoodiens à déménager en Floride, d’où l’intérêt de s’y installer. Ce n’est étonnamment pas une désillusion massive ou une peur bleue des coups de soleil qui a provoqué l’éclatement de cette bulle : c’est le passage d’un ouragan qui a laissé le marché en ruine.
Apposer au jeudi noir (24 octobre 1929) le terme de bulle crevée serait un euphémisme. À cette date, c’est l’American Dream en entier qui éclate. A début du 20e siècle, l’ensemble du pays est renfermé dans une bulle spéculative. L’optimisme est général et chacun voit plus grand que son voisin. L’idéologie financière est déficiente sur toute la ligne, mais on pourrait voir en la surproduction et en l’achat d’actions à crédit (avec une couverture minimale de 10%) les principaux fautifs. Le Krach arrive comme un coup de fouet : 600 institutions bancaires et 22 000 entreprises ferment leurs portes au cours de l’année. Le taux de chômage dans les années suivantes est sans précédent. D’après certaines interprétations, cette crise aurait pu favoriser l’ascension du fascisme en Europe, elle aussi ébranlée par l’effondrement de la bourse.