Un film de James Mangold (2008 - USA) avec Russell Crowe, Christian Bale, Ben Foster, Peter Fonda, Gretchen Mol, Alan Tudyk, Logan Lerman
Excellent western. Apre, humain, animal.
L'histoire : Dan est fermier et n'arrive pas à joindre les deux bouts. Il a emprunté de l'argent au shérif de la ville voisine et celui-ci vient de brûler sa grange car il ne le remboursait pas assez vite. Sa femme et son fils aîné réclament vengeance et sont furieux après Dan qui accepte tout, mesurant le danger auquel il les exposerait s'il s'opposait aux costauds de la ville. Il préfère se voir incompris qu'adopter des comportements lourds de conséquences. Mais la colère gronde pourtant en lui. Un dangereux gangster, Ben Wade, et sa bande, écument et terrorisent les alentours mais se font prendre. Ben doit être mené jusqu'à Contention, pour prendre le train qui le mènera à Yuma vers le tribunal et une solide prison. Dan qui a assisté à l'arrestation par hasard demande à faire partie des accompagnateurs ; le salaire proposé donnera un sérieux coup de pouce à sa famille. Ben pendant ce voyage va mettre les nerfs de ses gardes à rude épreuve, utilisant le mélange de fascination et de terreur qu'il inspire...
Mon avis : Vous êtes plusieurs à m'avoir conseillé, au fil de nos conversations, ce film de Mangold. Je l'avais noté sur ma liste et il passait hier soir sur la TNT. Merci de vos commentaires, car j'ai passé un très très bon moment ! Un western vraiment original et captivant.
Bien sûr, on a des gentils fermiers, des méchants bandits et des élus empotés ; des paysages grandioses, des images sublimes et des fusillades. Mais pas que.
J'ai adoré la confrontation Christian Bale / Russell Crowe, des acteurs décidément extraordinaires dans quoi qu'ils fassent, au travers de leurs personnages très finement dessinés, ce qui est rare dans le genre. Originaux, charismatiques chacun dans leur genre, en dehors des clichés traditionnels et réducteurs. Le méchant Russell, séducteur, manipulateur redoutable (dialogues captivants), est aussi un homme religieux, qui cite des passages de la Bible à tout bout de champ, porte un crucifix sur son revolver et ne s'attaque qu'aux banques et aux nantis ; il tue à tire-larigot, sans aucun état d'âme, mais se prend d'affection et d'admiration pour ce pauvre fermier courageux qui lutte jusqu'à la mort pour assurer l'avenir de sa famille. Christian, le miséreux, diminué physiquement (une jambe perdue à la guerre), qui préfère s'écraser devant les forts, pour ne pas mettre en danger sa femme et ses fils, et pourtant méprisés par eux du fait de ce qu'ils considèrent comme une faiblesse... et qui va s'avérer un homme déterminé, un vrai héros.
Cette finesse dans la psychologie des personnages est passionnante à observer.
La réalisation sort du classicisme souvent associé au genre. On n'est pas non plus dans l'extravagance baroque du western spaghetti. Je dirais de plutôt qu'il s'agit de modernité, de Sergio Leone "digéré", sans esbrouffe, mais avec des contre-plongées, un montage très rapide, qui donne un rythme soutenu, des cadrages propres à donner une "ambiance", des ressorts davantage utilisés pour les policiers ou les thrillers. On dirait que l'académisme d'autrefois a pris un bain de jouvence grâce à Sergio Leone, pour un essai transformé, avec brio, donnant une nouvelle dimension au genre, entre réalisme et esthétisme.
La bande son m'a également touchée, des très belles musique, de la guitare, du lent, du mélodieux, du rythmé (Marco Beltrami)... Là aussi, on pourrait penser à Ennio Morricone, mais en moins tape à l'oeil. Et ces bruits de marteaux (ou de vapeur, j'sais pas trop...) à la fin, qui évoquent des battements de coeur, alors que la tension est insoutenable !
Carton plein auprès des critiques et du public, rien à ajouter, je suis d'accord ! Il y a bien quelques récalcitrants, mais c'est normal ; question de goûts.
Si : c'est un remake de 1957 du film homonyme de Delmer Daves.