En janvier 2010, la famille Gattaz, majoritaire dans l’entreprise Radiall, détenait 73,43% de son capital. Ce groupe a lancé une offre publique de rachat de ses propres titres au prix unitaire de 63 euros. Plusieurs minoritaires ont considéré ce prix comme beaucoup trop bas. La suite des événements leur a donné raison, le titre Radiall ayant atteint quatre ans plus tard 171 euros. Après avoir dépensé environ 20 millions d’euros pourracheter des actions qui leur manquaient, les Gattaz se sont trouvés à la tête de 86,68% du capital, en-deçà du seuil de 95% qui leur aurait assuré un retrait automatique de la cote.
Ils ont donc demandé à Euronext de décider du retrait de l’action Radiall. Après consultation de l’Autorité des Marchés Financiers, cette demande a été rejetée, au nom de la défense des intérêts des investisseurs. Pierre Gattaz a alors porté l’affaire devant le Tribunal de commerce qui lui a donné tort. Il a ensuite fait appel avec le même résultat.
La raison avancée pour ce retrait est de se libérer des obligations qu’entraîne la présence de l’action à la cote, surtout en matière d’information financière. Pierre Gattaz affirme qu’actuellement ses concurrents savent ainsi tout de son entreprise. Il me semble que, si ces informations renseignent évidemment sur la situation financière de Radiall, elles ne sont pas de nature à faire connaître sa stratégie, sa politique de recherche et développement, ses éventuelles avancées technologiques ou autres.
Je crois plutôt que cette offre de rachat au prix consenti était destinée à priver les investisseurs extérieurs d’une fraction des plus-values et revenus générés en partie grâce à leur apport financier et, dans le même temps, de jeter un voile pudique sur les profits dégagés par la gestion de la famille Gattaz. Serait-ce l’exemple d’un capitalisme prédateur pour une fois freiné par la loi ?