En Syrie, entre mars 2011 et fin avril 2014, plus de 190.000 personnes ont été tuées directement en raison du conflit (chiffre annoncé le vendredi 22 août par le Haut-Commissaire de l'ONU aux droits de l'homme).
Comme si ce n'était pas suffisant, fin 2013, alors que plus de 2,3 millions de réfugiés avaient fui la Syrie, la France a très généreusement décidé d’en accueillir 500 !
"On a frappé à toutes les portes. En vain"
Comme si ce n'était pas suffisant, en refusant des visas à une famille syrienne, le ministère de l’intérieur vient de violer le droit constitutionnel à l’asile.
Le tribunal administratif de Nantes a donné raison, le 16 septembre 2014 à une famille syrienne à laquelle la France avait refusé de délivrer des visas de court séjour. Le Gisti (Groupe d'Information et de Soutien des immigr-é-s) était intervenant volontaire à ses côtés.
Mme K, mère de trois enfants, dont deux mineurs, vit à Alep, deuxième ville de Syrie, martyrisée depuis des mois par des combats meurtriers et destructeurs entre toutes les forces en conflit (armée du régime, armée libre, islamistes). L’aviation d’Assad bombarde régulièrement la cité à coups de barils incendiaires.
Outre cette situation générale, connue de tous, a fortiori du ministère de l’intérieur, cette famille faisait état des raisons particulières qu’elle avait de rechercher à tout prix une protection.
Le Gisti a aidé cette famille à déposer une demande de visas de court séjour, à l’appui de laquelle la démonstration était faite des risques encourus par ses membres pour leur vie et leur sécurité.
Les visas sollicités ont été néanmoins refusés sans explication avec pour conséquence d’empêcher cette famille de déposer une demande d’asile, puisqu’il n’est possible de le faire que depuis le territoire français.
Devant le tribunal administratif de Nantes, le ministère de l’intérieur a soutenu que son refus était juridiquement fondé. Il a même avancé que la famille aurait pu se mettre à l’abri au Liban, alors qu’il sait parfaitement qu’un million d’exilés syriens ont trouvé refuge dans ce petit pays de 4 millions d’habitants, dont le territoire est 55 fois plus petit que l’Hexagone. Qu’à cela ne tienne : c’est un pays... ami de la France. Le ministère sait parfaitement aussi, car c’est de notoriété publique, que nombre de Syriennes n’ont d’autre solution que la prostitution pour y survivre, tandis qu’une sévère malnutrition frappe la plupart des enfants réfugiés.
Le ministère osera-t-il se dérober à cette injonction en faisant appel ?