Série créée par Noah Hawley, diffusée en avril 2014 sur la chaîne américaine FX.
Si vous avez aimé Fargo (Ethan et Joel Coen, 1996), cette série est pour vous. Si vous n’avez pas aimé Fargo…cette série est pour vous aussi !
Loin du scénario original, la série reprend néanmoins l’ambiance, le climat (polaire) ainsi que la nature de certains personnages. Dans l’hiver glacial de Bemidji, petite ville du Minnesota, se croisent des flics lourdauds, un assureur loser (Lester), un tueur sans merci aux répliques philosophiques (Lorne Malvo), une policière particulièrement perspicace (Molly), un duo de tueurs à gages improbables et un directeur de supermarché ultra catholique. Mettez dans un shaker. Secouez vous serez surpris du goût du cocktail !
Les meurtres s’accumulent soudainement sur Bemidji. Quand la femme de Lester est retrouvée morte dans son sous sol, celui-ci devient le principal suspect. Jusqu’ici rien d’illogique. Sauf que plus rien dans la vie de Lester (Martin Freeman, excellent et loin du Dr Watson de Sherlock !) ne se déroulera normalement et surtout jamais comme le spectateur peut s’y attendre. Fargo est constamment en train de nous balader, nous entraînant dans une intrigue délirante, de répliques cinglantes en nouveaux personnages totalement décalés.
Martin Freeman (Lester).
La fraîcheur du climat instaure une atmosphère unique, presque scandinave. La perversité, la brutalité et le sang y ont donc une place toute trouvée. Le froid permet aux réalisateurs de produire des images d’une excellente composition. Fargo regorge de plans originaux, utilisant la glace, la neige et le brouillard, comme dans cette séquence dans laquelle deux policiers cherchent des suspects. Ils sont proches, dans un espace réduit, en pleine tempête de neige. On n’y voit rien, la tension est intense. La mise en scène est également recherchée, avec des cadrages précis, comme dans cette scène dans le 8ème épisode, dans laquelle un tueur rentre dans un immeuble, avec la ferme intension de tuer tout le monde. La caméra, elle, reste à l’extérieur du building aux vitres réfléchissantes. Elle suit sur la façade le trajet du tueur à l’intérieur. On ne voit rien de ce qui se passe, mais, tel un pacman funeste, la caméra et le son produisent un effet profondément drôle, tant l’horreur de la situation est en décalage avec l’ironie de la prise de vue. On est glacé mais on ne peut s’empêcher de rire, tant l’impact visuel est bon. A l’image, on compte encore une douche de sang ou une caméra embarquée dans le coffre parmi les autres bonnes trouvailles, qui rappellent l’intelligence des cadrages et de certains effets dans le film des frères Coen, les producteurs exécutifs de la série.
Fargo s’appuie sur l’opposition entre certains personnages et l’humour qui peut en découler,. La plupart des policiers sont des abrutis…sauf Molly et Gus. Lester quant à lui est l’opposé de son frère et du tueur qu’il rencontre. Le duo d’agents du FBI n’a rien à voir avec le duo de tueurs à gages. Ces différences sont responsables de la plupart des situations drôles, qui tirent franchement vers le burlesque. Ces moments contrastent avec l’horreur des meurtres et avec la tension ambiante.
La plus grande surprise provient du personnage de Lester, qui se révèle dans l’épreuve. Après avoir perdu sa femme, comme principal suspect, il trouve des capacités qu’il ne soupçonnait pas lui-même, une énergie nouvelle dans l’affrontement. Il incarne une variante très intéressante du personnage principal du film des Coen. Martin Freeman est parfait en loser aux improbables ressources. Quant à Billy Bob Thorton, il est méconnaissable, à tous points de vue, en tueur redoutable. Son flegme et sa froideur font ressortir la folie du personnage. Totalement imprévisible, Lorne Malvo est un prédateur redoutable, qui mène la police en bateau. Excellent casting donc, complété par Alison Tolman (Molly), convaincante, et Colin Hanks (Gus), qui fonctionne parfaitement avec elle.
Fargo vient d’être couronné d’un Emmy Award de la Meilleure mini-série, et une deuxième saison vient d’être commandée par FX, la chaîne productrice. Ce deuxième opus devrait être un prequel*. La série, pour le grand malheur des téléspectateurs français, n’a pour l’instant aucune date de diffusion en France. Il reste néanmoins indispensable de la visionner !
Pauline R.