Christophe Faurie attire mon attention ce matin sur un article paru dans The Economist, qui met l’accent sur la réalité de la vie des entrepreneurs: cessons d’enjoliver ce choix de carrière, et appelons un chat un chat: ce n’est pas facile d’entreprendre. Christophe va jusqu’à poser la question si l’entrepreneur ne serait pas un martyr?
Il est vrai que le choix de vie d’un entrepreneur n’est pas toujours facile, surtout s’il a vécu quelques années au sein d’un grand groupe, bénéficiant du confortable support de départements transverses qui gèrent son quotidien sans qu’il le sache vraiment. Créer son entreprise, c’est du jour au lendemain se transformer en comptable, responsable informatique, DRH, etc. Mais après tout, c’est bien ce qui est recherché lors de la création d’une entreprise, non, ce côté indépendant et pionnier?
L’article insiste sur le côté harassant, le travail incessant, une charge de travail incroyable: on ne compte plus les heures, on s’impose de travailler certains weekends… Je confirme, surtout les premières années. On n’a la tête qu’à son projet, et les autres sujets vous indiffèrent forcément: ils sont simplement moins prioritaires. Difficile de consacrer du temps à sa famille, à ses amis. Pour certain, un tel choix peut avoir des conséquences indélébiles: divorce, dépression en cas d’échec. La prise de risque est bien plus élevée de ce côté-là qu’on veut bien le croire. Le surplus d’optimisme dont bénéficie l’entrepreneur sur le côté “business” ne doit pas s’accompagner d’une lente descente aux enfers du côté de la vie privée.
Dernier point, enfin, la nécessité de s’entourer. Je ne peux qu’abonder en ce sens. Sans équipe, sans partenaire de qualité, un projet d’entreprise a peu de chances d’aboutir. Le mien n’a réellement décollé qu’après avoir réussi à trouver la bonne combinaison managériale. Les risques de se planter sont infiniment plus importants à ce sujet, et faire les bons choix relève bien souvent du hasard.
Alors, l’entrepreneur est-il un martyr? Peut-être pas, mais il faut bien prévenir les candidats sur les vicissitudes auxquelles ils vont s’exposer durant les premières années, avant que leur projet ne se transforme en réel succès. Avis aux amateurs…