Le propre d’un bon roman est, à mon sens, d’être bien écrit : cela ne signifie pas forcément que la langue utilisée soit soutenue, ou que l’auteur exécute des prouesses linguistes!
Non, l’auteur doit seulement respecter le lecteur en lui présentant une œuvre élaborée, qui mérite le respect pour l’effort fourni et l’admiration pour ce qu’elle apporte.
Or, certains romans sont le contraire de tout cela : faut-il imputer la faute à la prétention des prétendus écrivains ou à l’incompétence sinon l’irresponsabilité des éditeurs?
Encore une fois, je viens d’en faire la triste expérience avec L’INCOMPRIS DU HAY MOHAMMADI de Fouad SOUIBA, édité par la maison SMEIN en avril 2012.
La quatrième de couverture en donne une présentation alléchante : “une saga marocaine de plus d’un siècle….Un moment romanesque incontournable ……dans un schéma souvent improbable“.
Cela donne envie de lire l’ouvrage, d’autant que l’auteur, cinéaste, producteur et scénariste, est un néophyte en matière d’écriture romanesque.
Raconter l’histoire d’une famille du quartier casablancais de Hay Mohammadi, oui, le beau sujet! Encore faut-il savoir le traiter, en rendant l’âme de ce hay!
Rappeler les événements douloureux des années difficiles, oui, le beau sujet! Encore faut-il savoir les présenter autrement qu’en une accumulation de faits connus et ressassés.
Raconter les tribulations d’une troupe de théâtre avant et après l’indépendance, oui, le beau sujet quand on connait l’impact du théâtre de l’époque sur la société marocaine!
Ces beau sujets méritaient une belle langue : pas un ramassis de lieux communs, de clichés, de formules toutes faites qui se bousculent le long des 300 pages touffues de ce “roman”!
N’est pas Balzac qui veut!
Fouad Souiba aurait pu utiliser l’arabe, ce bel arabe marocain et populaire qui a construit la gloire de nos troupes théâtrales, qui a permis aux enfants de Hay Mohammadi de devenir des Nass El Ghiwan impérissables et inoubliables.
D’autres l’ont fait sous d’autres cieux, mais n’est pas non plus Taha Hussein qui veut.
N’est pas non plus Ahmed Tayeb Al Alj qui peut.
Voilà donc une matière première romanesque formidable mais formidablement gâchée! Dommage.
Avec ce genre de production approximative, il ne faut pas s’étonner que les lecteurs marocains ne se précipitent pas sur les livres signés par nos concitoyens!
Re-dommage!