Originaire du Lancashire, dans le nord de l'Angleterre, la blueswoman Angie Palmer est installée en France depuis 2008, ce qui explique le nombre important de ses concerts dans l'Hexagone. Dans son cinquième album, "Old sticks to scare a bird", publié en 2012, les chansons sont encore une fois coécrites par son mari, Paul Mason.
De quelle région de Grande-Bretagne êtes-vous originaire ?
J'ai passé l'essentiel de mon enfance dans le Lancashire, dans le Nord de l'Angleterre, où ma famille réside toujours. J'y retourne de temps en temps mais je vis en France depuis 2008…
Avez-vous grandi au sein d'une famille d'artistes?
Non, pas du tout en fait. Je suis la seule musicienne de ma famille… Je ne sais donc pas trop d'où je tiens ça. Peut-être de mon père. S'il ne savait pas jouer d'un instrument, il écoutait en revanche beaucoup de musique. Autant les Beatles que Pink Floyd, Beethoven ou Mahler. Il était très ouvert...
Comment avez-vous appris à jouer de la guitare ?
Mon frère a reçu une guitare en cadeau mais n'en a jamais rien fait. A l'âge de quatorze ou quinze ans, je m'en suis emparé avec l'idée d'arriver à en tirer quelque chose. Cela s'est fait petit à petit. J'ai appris d'abord toute seule, puis j'ai progressé grâce à des amis guitaristes.
Vous êtes souvent plébiscitée par la critique pour votre voix riche et chaude ? Avez-vous commencé à chanter très tôt ?
Bien avant la guitare, en fait. Aussi loin que je m'en souvienne, j'ai toujours chanté. A l'école, tout d'abord, puis au sein de choeurs à l'église.
On vous a souvent comparée à quelques personnages mythiques du folk, qu'il s'agisse de Joni Mitchell, Lucinda Williams ou Bob Dylan. Comment vous définiriez-vous ?
Je suis naturellement très flattée de ces comparaisons même si je n'ai pas l'impression de m'inscrire dans leur sillage. Je me suis toujours efforcée de tracer mon propre chemin. Mais on est forcément influencés par les chansons qu'on écoute, difficile de faire autrement ! Honnêtement, je ne me trouve rien de semblable avec Lucinda Williams, en dehors du fait que nous ne sommes plus toutes les deux très jeunes. (Rires) Je crois que la ressemblance s'arrête là...
Pourrait-on dire de votre style qu'il se situe au carrefour des traditions folk anglaises et américaines ?
Sans doute oui, avec quand même un penchant plus marqué pour la tradition américaine. Je pense que la plupart des gens qui m'ont le plus influencée sont américains, à l'exception peut-être de certains chanteurs folks anglais comme John Martin.
Avez-vous eu très tôt le sentiment que vous pourriez vivre de votre musique ?
J'ai eu beaucoup de chance ; j'ai commencé à vivre de la musique à l'âge de 17 ans. C'est à ce moment-là que j'ai commencé à voyager à travers l'Europe. J'ai ainsi chanté dans la rue pendant plusieurs années. Je pense qu'il est essentiel pour un artiste qui débute de donner beaucoup de concerts. Il faut totalement se dédier à son art.
J'ai lu que vous attachiez beaucoup d'importance aux paroles de vos chansons. Est-ce vrai ?
Absolument ! Chaque chanson raconte une histoire. La plupart de mes textes ont été co-écrits avec mon mari Paul Mason, qui est professeur de philo et de littérature. Ses influences littéraires vont de Dostoïevski à Steinbeck, mais nos chansons peuvent aussi tout simplement s'inspirer de la campagne où l'on vit ou des gens qu'on rencontre. Tout peut donner lieu à une chanson en fin de compte.
Vous avez rencontré votre mari en France, si mes informations sont exactes…
Tout à fait, nous avons fait connaissance à Paris, à l'époque où je jouais dans la rue. Il était en voyage et il m'a aperçue en train de lire un journal anglais dans un café philosophique où je buvais un café. C'est là que tout a commencé et ça va bientôt faire vingt ans que ça dure.
Vous avez sorti votre cinquième album, "Old sticks to scare a bird", en 2012. Où a-t-il été enregistré ?
Comme pour chacun de mes albums précédents, il a été enregistré dans un petit studio de Preston, dans le Lancashire. J'y ai mes habitudes. Je m'y sens bien. Le propriétaire et ingénieur du son est devenu un ami et nous travaillons vraiment bien ensemble. Il joue aussi parfois de l'orgue ou du tambourin dans certains enregistrements.
Vous êtes souvent en tournée ! C'est quelque chose que vous aimez ?
Oui, beaucoup. Je joue surtout en Grande-Bretagne et en France, mais aussi parfois aux Pays-Bas, en Belgique ou en Italie. J'adore le public français, que je trouve formidable. Ils savent apprécier la musique, surtout en Bretagne. Ce sont des gens qui aiment aller voir un concert, et qui ont l'esprit ouvert. Quand j'y pense, je ne crois pas avoir déjà raté un concert en France...
Etes-vous souvent venue en Bretagne ?
Pas mal de fois, oui. Huit ou neuf fois il me semble… Mais je n'ai jamais joué à la pointe bretonne. Ce sera donc une première à Plabennec.
Avez-vous déjà une idée de ce que vous jouerez lors de votre passage à Kerfolk, le 27 septembre ?
Mon répertoire sera composé de chansons à moi et de reprises, notamment de Janis Joplin et Bob Dylan. Je serai accompagnée par le guitariste de blues Jean-Jacques Cigolini. La veille, nous serons à Trébeurden, et le lendemain, à Callac.
Continuez-vous à vous produire avec votre groupe, The Revelators ?
Tout à fait, nous avons d'ailleurs un concert de programmé en Angleterre au mois d'octobre. Par ces temps de crise, c'est devenu assez compliqué financièrement d'organiser des tournées à l'échelle européenne avec un groupe. L'an dernier, nous nous sommes tout de même produits à Lille ainsi qu'à plusieurs festivals de l'Hexagone.
Sur quoi travaillez-vous en ce moment ?
Je viens de me remettre à l'écriture aujourd'hui, précisément. J'ai fait l'acquisition d'une mandoline et j'essaye de me remettre à en jouer. Je trouve ça très inspirant, et je pense bien en faire une chanson.
Etes-vous une compositrice prolifique ?
J'ai tendance à écrire sous pression, en fait. Depuis la sortie de mon dernier album, je n'ai écrit que quelques chansons… J'accumule les notes et les idées pendant un certain temps et c'est souvent peu de temps avant d'entrer en studio que je boucle mes chansons. Je travaille mieux de cette manière. C'est ma nature.
Vous aviez un projet artistique, visuel et sonore, avec une peintre parisienne… Est-ce que cela se concrétise ?
Cela prendra un peu plus de temps que prévu car cette artiste, qui est une grande amie à moi, travaille beaucoup en Asie en ce moment, notamment au Japon… J'espère que nous pourrons faire avancer ce projet l'an prochain…
Propos recueillis par Titus le 17 septembre 2014. Photos : DR.
Pratique
Festival Kerfolk, à Plabennec, le samedi 27 septembre 2014, à 21 h, salle Marcel-Bouguen. Réservations : kerfolk@gmail.com. Tarifs : 12 et 8 €.
Pour en savoir plus sur Angie Palmer
Son site officiel