Les détracteurs ou fans déçus trouveront peut-être à redire dans le fait que l’Anglais retrouve presque sur chaque titre la façon de faire qui lui était propre au cours de la décennie qui l’a vu sortir cinq albums (omettons tout ce qui est sorti sous d’autres pseudonymes), à savoir entre 1992, donc, et son double album Drukqs de 2001, aussi génial qu’indigeste dans son intégralité.
Syro reprend ainsi le flambeau, non pas du dernier album, mais des deux précédents I Care Because You Do et The Richard D. James Album, avec évidemment des traces inéluctables de tous ce qu’il a pu faire par ailleurs, des morceaux pour piano de Drukqs en remontant à des titres plus ambient tels ses deux premières compilations Selected Ambient Works, sorties respectivement en 1992 et 1994.
En à peine plus d’une heure, et avec douze nouveaux titres, Syro reste concis mais malgré tout sans concession. Écouter un disque d’Aphex Twin (un album, une compilation, un EP, un single…) demeure une épreuve, à cause autant de la densité de ce que propose l’artiste que du caractère saugrenu des passages d’un morceau à l’autre, morceaux qui le plus souvent ne laissent aucun répits les uns derrière les autres.
Enfin, arrêtons-nous ici. Déjà. En effet, quoi que nous en disions, et quoi qu’en disent tous les sites qui, déjà, se languissent devant Syro depuis son annonce à Londres et à New York cet été, il est impossible d’imaginer un seul instant que ce sixième album d’Aphex Twin ne figurera pas en bonne place parmi les meilleurs albums de l’année. Et peut-être déjà aussi, dans ceux de cette décennie qui va déjà (encore, décidément, le temps semble passé plus vite qu’on ne le croit) se terminer.
(in heepro.wordpress.com, le 22/09/2014)
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