Un risque d’asthme accru de plus de 70% chez les enfants exposés pendant la grossesse à des niveaux élevés de phtalates, via l’utilisation maternelle de produits ménagers, c’est la conclusion de ces chercheurs de la Mailman School of Public Health. Cette toute première démonstration de l’association entre l’exposition prénatale à deux phtalates couramment utilisés dans et l’asthme infantile est présentée dans la revue Environmental Health Perspectives.
Les phtalates sont utilisés dans de très nombreux produits dont certains parfums de synthèse, contenants alimentaires en plastique, revêtements de sol, produits de soin et même certains médicaments. Depuis 2009, plusieurs phtalates, dont ceux pris en compte dans l’étude, ont été interdits dans les produits destinés aux enfants. Reste néanmoins la question de l’exposition permanente du fœtus en développement, par l’intermédiaire de l’exposition de la mère durant sa grossesse.
L’étude a suivi 300 femmes enceintes et leurs enfants et pris en compte leurs niveaux d’exposition à 4 phtalates suspects mesurés par leurs métabolites chimiques dans l’urine. Les échantillons ont été prélevés chez la mère durant le troisième trimestre de grossesse et chez les enfants aux âges de 3, 5, et 7 ans. Puis les chercheurs ont comparé l’incidence de l’asthme chez les enfants entre 5 et 11 ans en fonction des niveaux d’exposition de leurs mères. L’analyse montre que,
· près d’un tiers des enfants a été diagnostiqué avec l’asthme,
· 20% ont présenté des symptômes de respiration sifflante et d’autres symptômes, mais sans diagnostic de l’asthme.
· tous les échantillons urinaires de mères et d’enfants contenaient des métabolites pour les 4 phtalates. une exposition élevée in utero au phtalate de butylbenzyle et au phtalate de dibutyle s’avère associée à une augmentation respective de 72 et 78% du risque de développer l’asthme entre 5 et 11 ans, par rapport aux enfants de mères ayant été faiblement exposées.
Désormais, ces deux phtalates viennent s’ajouter à un ensemble de facteurs de risque connus pour l’asthme, comme la fumée de tabac, la pollution, l’obésité et des antécédents d’allergies. Dans le groupe avec respiration sifflante aussi, l’analyse identifie un lien avec une exposition in utero à ces phtalates. Ces résultats viennent compléter ceux d’une précédente étude de la même équipe identifiant un lien entre l’exposition à la petite enfance au bisphénol A (BPA) et le risque d’asthme. Alors que la prévalence de l’asthme est en forte hausse, des recherches, de plus en plus nombreuses, suggèrent ainsi un lien avec l’exposition inévitable à ces composés, une exposition à laquelle le fœtus est extrêmement vulnérable. « Si nous voulons protéger les enfants, nous devons protéger les femmes enceintes « , insiste à nouveau l’auteur principal de l’étude, le Dr Rachel Miller, professeur de pédiatrie et de santé de l’environnement à l’Université de Columbia.
Source: Environmental Health Perspectives September 2014 DOI:10.1289/ehp.1307670 Asthma in Inner-City Children at 5-11 Years of Age and Prenatal Exposure to Phthalates: The Columbia Center for Children’s Environmental Health Cohort