Connaissances de base ? Ce livre ne prend pas la peine
de définir des concepts qui semblent le sous-tendre : « tuteur de résilience », « base de sécurité », « mentalisation » !
La résilience, elle, est définie. C’est « la reprise d’un nouveau développement après
un traumatisme ». C’est un « processus
biologique, psycho affectif, social et culturel ». Et le dit traumatisme semble une sorte d’AVC ! Le
cerveau subit des dommages irréversibles. Il doit se re câbler. « La résilience consistera à tourner autour du
« trou noir » que forment les modifications neuronales du stress pour
retrouver par un néodéveloppement du réseau neuronal altéré une fonctionnalité
satisfaisante, mais évidemment différente. »
Curieusement, c’est le lien social qui est la dimension clé
de la reconstruction du cerveau de l’individu. Avec ou sans traumatisme, l’homme
ne peut vivre seul sans subir des « dégâts
biologiques provoqués par l’isolement affectif ». D’où la notion de « tuteur
de résilience ». D’ailleurs, ce tuteur, « personne de confiance » est, de préférence, multiple (« les systèmes familiaux à multiples
attachements sont les plus protecteurs »), et il peut changer. Le
tuteur le plus efficace serait-il la société ? Il est dit, ainsi, que la
culture (au sens ethnologique) joue un rôle décisif dans l’absorption de gros
traumatismes collectifs.
Il existe des moments critiques où se construit notre
capacité à encaisser les chocs. En particulier dans la prime enfance et durant
la grossesse. Faute d’un environnement affectif correct alors, l’homme traînera
sa vie durant un lourd handicap. Plus tard, la capacité de résilience semble se constituer au gré des « rencontres significatives ». L'homme établit une « base de sécurité » (de plus en plus large ?) à partir de
laquelle il peut explorer le monde.
En réalité, rien n’est jamais perdu. Quand il s’agit de se
reconstruire, l’homme est plein de ressources. Notamment, il semblerait que la « narration », mettre des mots sur sa
vie, lui donner un « sens », soit critique. Ce
serait une caractéristique propre à l’homme moderne, en comparaison, par
exemple, avec l’homme de Neandertal. Mais ces mots doivent avoir quelque chose
d’exact. Mentir à quelqu’un sur un moment traumatique, par exemple sur les
premiers temps de son enfance, est nuisible.
Bref, l’homme est à la fois étonnamment résistant et fragile.
Tout cela ne dit pas ce qu’il
faut faire face au stress et au traumatisme. La solution se trouve peut-être dans l’avant dernier chapitre. Il traite des limites de nos
capacités de résilience. Les limites qu’il ne faut pas franchir. Quelles
sont-elles ? « La solitude ( ; )
le non sens (…) l’impossibilité de donner sens à son fracas ( ; ) la honte
(…) se placer (…) en retrait des relations qui aident à la résilience ».
Cyrulnik, Boris,
Jorland, Gérard, (sous la
direction de), Résilience, connaissances
de base, Odile Jacob, 2012.