Qu’allaient faire les Allah-Las pour leur second album ? Certainement pas se réinventer. D’ailleurs ils n’ont pas inventé grand-chose, se contentant de servir (avec brio) de bonnes vieilles recettes de surf-rock sous Tranxène. Cet été on me disait "Tu vois, Tame Impala ils sont trop pop, c’est commercial, alors que Allah-Las ils sont vraiment retro, ils sont à fond dedans, c’est pour ça que c’est bien. Et donc le prochain album ce sera la même chose parce qu’ils sont trop dans leur trip retro, donc ça sera chiant mais c’est pour ça que c’est bien". Bon, je n’ai pas forcément pigé la logique, mais sur le principe ce n’est pas forcément idiot…
Worship The Sun, second album des Allah-Las donc, toujours sur Innovative Leisure (Hanni El Khatib, Bass Drum of Death…), un titre qui fait plus penser à un album de stoner, mais soit, chaussons les lunettes de soleil, et allons nous poser sur la plage de Santa Monica.
L’intro de "De Vida Voz", le premier morceau laisse, d’abord penser que les ex-disquaires d’Amoeba ont décidé de se mettre aux guitares bien grasses, aurais-je été mauvaise langue ? Et bien non, très vite le son s’éclairci et s’échoue sur la plage avec au loin dans la reverb’, les chœurs des Allah-Las. Nous sommes en terrain connu et c’est avec le sourire jusqu’aux oreilles que s’écoulent les premières minutes du disque, très vite le tubesque "Artifact" et sa ligne de basse super groovy débarque, rendant toute résistance futile. Le groupe enfonce le clou avec l’instrumental "Ferus Gallery", et c’est carrément de la bonne humeur qui dégouline des enceintes, il reste encore dix titres, on se prend à rêver à prolonger l’été jusqu’au cœur de l’hiver, et puis… Et puis rien.
Plus rien, le calme plat. Le reste de l’album passe sans faire de vagues, un bruit de fond que l’on remarque seulement par moments. Bon, il s’est passé un truc, on le relance et on fait gaffe cette fois. Même topo, sitôt "Ferus Gallery" terminé, l’attention retombe. La faute semble-t-il à l’assommante triplette "Recurring"/"Nothing to Hide"/"Buffalo Nickel". Après ces morceaux, si vous arrivez à vous rappeler que vous étiez en train d’écouter quelque chose vous pourrez rentrer de nouveau dans l’album en faisant coucou avec les mains sur "Follow You Down", sinon, vous vous réveillerez dans une demi-heure en vous demandant "j’avais pas lancé le dernier Allah-Las tout à l’heure ?".
La suite de l’album est moins soporifique, notamment grâce aux deux instrumentaux variant cette fin de disque et l’amenant vers un versant plus psychédélique ("No Werewolf" pourrait sortir d’un vieux Brian Jonestown Massacre que ça n’étonnerait personne), ça n’empêche pas pour autant les autres morceaux d’être peu intéressants. Pourtant en les écoutant séparément, ils ne sont pas mauvais, sans doute une histoire d’overdose de guitares clean, de "papapa" et autres "yeah yeah yeah" et le fait qu’ils n’ont rien de remarquables. Funs, mais quelconques et interchangeables. En tant qu’album, ce Worship The Sun est beaucoup moins accrocheur que le s/t, en tant que réservoir pour y piocher 2-3 titres qui filent la banane, il a déjà beaucoup plus ses chances. Pour le troisième album, si on pouvait avoir une prod un peu moins lisse et quelques morceaux un peu hargneux, il y aurait moyen d’avoir quelque chose de sympathique.
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