Gallimard (2013)
Juliette et Olivier vivent à Paris, avec leurs deux enfants. Les débuts de leur relation amoureuse ont été compliqués mais ils affichent maintenant un bonheur sans histoire, comme tant d’autres couples avec enfants de l’est parisien. Et puis soudain, alors qu’elle n’a rien vu venir, Juliette est confrontée à l’aveu d’Olivier : il a une liaison depuis trois semaines. Juliette est dévastée par cette annonce mais décide de tout faire pour sauver son couple, puisqu’Olivier ne semble pas vouloir la quitter. Mais l’autre femme est coriace, d’autant plus qu’elle est persuadée qu’Olivier l’aime et veut vivre avec elle. Et pour elle, la guerre avec Juliette est déclarée et tous les moyens sont bons pour arriver à ses fins.
Sujet classique du mari, de la femme et de la maîtresse mais traité d’une façon moins conventionnelle. C’est Juliette, l’épouse trompée, qui est la narratrice ici et c’est de son point de vue que nous suivons l’intrigue. L’aveu d’Olivier est pour elle l’occasion de revenir sur son histoire personnelle, sur le divorce de ses parents, la dépression de sa mère, ses années de lycée enfermée dans un pensionnat religieux, sa vie sentimentale chaotique et le viol dont elle a été victime. C’est la partie du livre que j’ai le moins aimée, j’ai même failli abandonner cette lecture à plusieurs reprises. L’auteur, par la voix de Juliette, nous livre dans un style presque mécanique tous les évènements qui ont façonné le caractère de l’héroïne, mais sans expliquer vraiment leurs conséquences sur son comportements et ses sentiments. Au lecteur de se débrouiller avec tout ça. Personnellement, je n’y ai pas trouvé beaucoup de cohérence.
Et puis, dans la deuxième partie, Juliette décide de mener le combat face à V., celle qui veut lui prendre son mari et qui est prête à tous les chantages. A partir de ce moment-là, j’ai trouvé l’histoire beaucoup plus intéressante, plus crédible aussi, même si je m’interrogeais sur ce que pouvait ressentir Juliette face à l’incertitude et à la faiblesse de son mari. Ce n’est que lorsqu’elle comprend que son mari ne pourra pas se sortir tout seul des griffes de son adversaire que Juliette reprend la main et s’affirme, sortant alors du statut de victime pour mener le jeu.
J’avais beaucoup aimé le premier roman de Nelly Alard, Le crieur de nuit et j’attendais sans doute beaucoup de ce deuxième livre, trop sans doute, ce qui peut expliquer ma déception en début de lecture. Heureusement, la suite de l’histoire m’a fait un peu changer d’avis. J’ai mieux compris les deux citations extraites du dictionnaire qu’insère Nelly Alard au tout début de son livre, et en particulier la définition physique de l’expression moment d’un couple. L’auteur a vraiment bien su en exploiter le sens pour mener son intrigue. A mon avis, cette interprétation est une bonne raison pour découvrir ce roman.
Ce livre a été récompensé par le prix Interallié 2013. Cela, je le savait déjà. Ce que j'ignorais, en revanche, c'est que ce livre avait provoqué quelques remous à sa sortie, quant à son aspect autobiographique et à l'identité potentielle de V. Je vous laisse chercher un peu sur la Toile, c'est assez cocasse, je trouve, d'un point de vue externe, bien sûr. Si l'histoire est réelle, elle n'a pas du être facile à vivre pour l'auteur.
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