Cet Indiana Jones 4 a en effet été conçu comme le bouquet final, pétaradant, d'une saga entamée il y a 27 ans ! Brassage de thèmes chers au duo magique, clins d'oeil... Tout est réuni pour conclure avec ce film sur une note "festive" et non traditionnelle. Forcément, retrouver notre célèbre aventurier après 19 ans d'absence est un vrai plaisir : la première demi-heure constitue un régal de tous les instants. Puis entre en scène le personnage de Shia LaBeouf (running gag du film, même si c'est quelques rares fois hors sujet) qui va conférer au film un avant-goût d'une séquelle à "relève", avec inversion des rôles pour Ford, fils dans le 3e volet, et père dans le 4e... et 5e ? Le film se poursuit dans la grande tradition des Indy avant de se conclure dans une dernière demi-heure plutôt inattendue, et assez loin de l'univers de la saga qui en déroutera plus d'un, mais qui a le mérite d'aller au bout des choses (nous y reviendrons plus tard...) Malgré son ton contradictoire et en constant équilibre, d'où vient le soucis d'Indiana Jones 4 ? Tout d'abord du scénario. Aussi complexe que linéaire et expéditif, l'histoire de ce quatrième film cumule les scènes selon un schéma classique "d'attractions". Les héros souvent manipulés par l'intrigue générale sont plus souvent "spectateurs à réflexes" qu'acteurs "actifs" se laissant bercer par les événements (ndmaha : comme dans les autres volets !). Tour à tour trop rapide et lent, la recherche et le fond habituels des trois premiers films sont ici délaissés pour laisser place à une orientation lorgant plus vers Le Temple Maudit que les deux autres longs métrages. Pas étonnant que ce Royaume du Crâne de Cristal ressemble plus à un mélange entre La Momie et Pirates des Caraïbes qu'à un Indy pure souche.
Manque également un certain souffle ainsi que le piquant d'antan, malgré le lot de scènes d'action extrêmement spectaculaires. Indiana Jones 4 réserve pourtant son lot de surprises et de bons points qui le font surpasser n'importe quel autre ersazt du genre. En effet, à la question "Pourquoi cet Indy a du style ?", la réponse est sans aucun doute Spielberg - Lucas ! Même ambiance 50's filmée à la manière des trois anciens, même thème musical à faire bondir de joie, le sourire aux lèvres, allusions aux anciens opus (Marucs, papa Jones, les serpents...) même schématisation et gimmicks d'époque... Tout y est : le spectateur n'est pas perdu. En retrouvant son personnage fétiche de professeur archéologue, Harrison Ford a beau afficher plus de 60 ans au compteur, il n'en demeure pas moins autant charmeur, casse-cou et à l'aise, qu'à l'heure de L'Arche d'Alliance (toutes proportions gardées). Face à lui, Karen Allen retrouve son personnage de gentille gourdasse à pleurer de rires (ses retrouvailles avec Indy constituent assurément le moment le plus drôle et émouvant du film). Shia LaBeouf, positionné en tant que comparse de route est autant à l'aise que parfois un peu à côté de la plaque. Mais il assure. Alors que Cate Blanchett s'extasie en garce détestable et frigide et que John Hurt joue les tarés de service. Confectionné comme un bouquet final aux aventures d'Indiana, ce quatrième opus fait surtout office de grande récrétion pour le duo Spielberg - Lucas qui, en plus de donner un soupçon de "cinéma fantastique", se fait royalement plaisir avec un torrent de délires. Brassage 4 étoiles de thèmes chers au réalisateur, le film s'impose principalement comme un hommage à sa propre filmo ainsi que comme un condensé de ce qui le tourmente depuis tant d'années : le fantastique avec les extra-terrestres, le cuir, l'ambiance, la musique, le contexte et le personnage de LaBeouf très American Graffiti, la mythologie propre à Indiana, les essais nucléairs renvoyant aux démons qui rongent Spielberg depuis un certain temps, et cet aspect "american way of life" en danger - ici traduit par le cataclysme suprême dans une séquence aussi affolante et décalée qu'extrêmement flippante. Les scènes d'action sont quant à elles plus réussies que celles de certains blockbusters bêtas sortis depuis peu. Ainsi, la course-poursuite dans la jungle reste aussi improbable que démentielle, l'ouverture du film tient du pur bonheur. Sans compter la scène finale dans La Cité d'Or... tout est rassemblé pour nous décrocher la machoire.
Quant au dénouement de l'intrigue, si certains risquent de hurler au grand n'importe quoi, il se trouve que Spielberg est allé au bout de ses idées et surtout au bout de sa rétrospective de ses propres thèmes. Malgré le caractère vraiment fantastique de la chose laissant tout ce qu'était Indy à la porte, la résolution de l'intrigue est d'une beauté et d'un pessimisme sous-jacent quant à la nature amoindrie en soif de connaissances de l'Homme... Tout comme le reste de la bobine. Après tout, pourquoi pas... Tout est donc bien rassemblé dans ce joyeux défouloir, laissant le spectateur dans une tornade de dépaysements, d'émerveillements et de scènes récréatives. Indiana Jones et le Royaume du Crâne de Cristal est donc avant tout un point d'orgue, bouclant la boucle du mythe, et faisant exploser des délires des tontons Steven et George. Au final, Indiana Jones 4 est certainement le moins bon et le moins fin des films de la saga. Le moins percutant aussi. Il n'en demeure pas moins un sacré spectacle bourré de panache et d'esprit "colonie de vacances", qui contribue à cet aspect sympathique et constant du long métrage, nous faisant ressortir de la salle avec la banane, malgré un léger rictus de frustration et de déception. En même temps, après 20 ans d'attente et un lot de fuites sur le Web...
Pourquoi y aller ?
Pour le bonheur des retrouvailles avec Indy. Pour le thème original repris avec brio. Pour la seconde rencontre entre Indy et Marion. Pour le second degré constant, inhérent à la saga. Pour les trois scènes d'action pétaradantes du film. Pour le final aussi osé que déroutant. Pour les nombreux clins d'oeil à la saga et à la filmo de Spielberg. Pour l'ensemble très "rock'n'roll" !
Ce qui peut freiner ?
Le manque de peps dans l'action générale du film. Le scénario trop lent ou expéditif par moments. L'inégalité de consistance des personnages. Le manque de "réelles" surprises.
LES COMMENTAIRES (1)
posté le 15 juin à 14:01
vou savez pas combien d'entrée il a fait ?