J’ai déjà averti, notamment en créant le groupe DILI (Défense et Illustration de la Littérature de l’Imaginaire) sur Facebook du danger que semble bien courir la littérature de l’imaginaire en France. Entendons-nous bien : l’expression « littérature de l’imaginaire » représente les ouvrages de science-fiction/fantastique/fantasy, auxquels on peut aussi joindre le polar, quoique celui-ci se porte très bien dans tous les pays.
Par contre, les auteurs de science-fiction/fantastique/fantasy souffrent bel et bien en France et dans la plupart des pays francophones (sauf au Québec) d’une désaffection, sinon du mépris d’un public qui les dédaigne souvent ouvertement. Voir les témoignages rassemblés sur la page du groupe DILI. Qu’en est-il des salons du livre, notamment ceux spécialisés dans ce genre littéraire ?
J’ai recueilli à ce jour trois avis principaux, émaillés de renseignements précieux :
Bernard Visse, organisateur du festival « les Imaginales » à Epinal (France, Vosges) : « Je ne partage pas tout à fait votre inquiétude sur le péril dans lequel se trouverait la littérature de l’imaginaire en France (si nous sommes en phase sur ce qu’est cette littérature ou plutôt sur ce que sont ces littératures). Mais toute action en faveur de la promotion de la lecture ne peut pas faire de mal. Aux Imaginales, nous n’invitons que des auteurs publiés à compte d’éditeur dont nous apprécions le travail. Cela veut dire que si nous n’avons pas connaissance de ses publications (envoyées généralement par l’éditeur), il y a peu de chance que nous prenions contact avec tel ou tel auteur… Nous avons la chance (c’est la qualité reconnue de notre manifestation qui veut ça, sans doute) de pouvoir inviter qui nous voulons en France et dans le monde entier, dans la limite de notre budget bien entendu : sachez que nous refusons bien plus d’auteurs que les 130 environ accueillis chaque année… Et autant, sinon plus, sont présents sur les stands loués pendant les 4 jours de la manifestation qui, en 2014, a rassemblé 25 000 festivaliers. Il faut également savoir que nous sommes un festival thématique : nous ne nous intéressons qu’aux auteurs qui travaillent dans les thèmes affichés (voir notre site). En temps utile, il y a sur notre site (www.imaginales.fr) la marche à suivre et en téléchargement le mince dossier à remplir pour obtenir un stand. Il suffit d’être encore une fois dans la thématique et de nous retourner ce dossier avant que nous n’ayons plus d’espace disponible. »
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Laurent Noerel, auteur aux Éditions Dédicaces : « Je vous remercie pour votre engagement dans la recherche de festivals de l’imaginaire, et je voudrais ajouter une information sur les Utopiales de Nantes. J’ai participé ce week-end au festival du livre de Nice, où j’ai pu discuter brièvement avec Ugo Bellagamba, directeur de la programmation des Utopiales. Il m’a précisé les points suivants : la programmation de l’édition 2014 est pratiquement achevée. Elle se fera en partenariat avec le Québec, mais surtout avec des auteurs québécois et avec le concours d’un ministère. Ugo Bellagamba m’a affirmé qu’il s’employait, chaque année, à accueillir aux Utopiales des auteurs n’y ayant encore jamais participé, ce qui nous ouvrirait des perspectives pour 2015. Il s’est dit disposé à recevoir par voie postale des ouvrages et à les lire. Il préfère que l’envoi de services de presses et de livres soit fait par l’éditeur, mais pourrait accepter des envois par les auteurs. Il m’a donné une adresse mail : [email protected]. »
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Marc Feuermann, auteur aux Éditions Dédicaces : « Il semble qu’il y ait une sorte de clan dans la littérature de l’Imaginaire (comme partout ailleurs). Si nous ne faisons pas partie d’une certaine élite, d’une certaine nomenclatura, nous n’avons pas accès à ces festivals. C’est compréhensible, ils veulent conserver la grande qualité du festival et ne présenter que des œuvres et auteurs qui marchent. C’est aussi l’impression que j’ai eue des Utopiales. Ce sont probablement les mêmes qui se retrouvent à ces différents festivals. Et cela confirme aussi ce que Laurent avait lui-même entendu. Cela résulte aussi du fait du grand nombre de livres publiés parfois n’importe comment sur Internet et qui peut faire peur. Il y a beaucoup de monde au portillon et peu de place autour de la table du festin. Je pense que c’est l’une des raisons pour lesquelles nous avons ce sentiment sur le péril dans lequel se trouve la littérature de l’Imaginaire en France. Voilà, c’est dit, et je me sens beaucoup mieux. Heureusement il y a d’autres festivals plus accessibles. »
Tous ces avis sont fort utiles et je pense que nous pouvons faire œuvre commune en partageant nos infos et en nous soutenant mutuellement dans ce combat.
par Thierry ROLLET, Agent littéraire
Scribo Masque d’Or
Classé dans:- Édition, Ed. Dédicaces