C’est paraît-il la dernière mode dans les bureaux du Financial District à Manhattan : tapisser ses murs de certificats d’actions (stock certificates) délivrés par des entreprises historiques : US Steel, Standard Oil, Coca-Cola Company. Pourquoi ce document est-il devenu si singulier aujourd’hui ?
Qu’est ce qu’un certificat d’actions ?
Un certificat d’actions est un document attestant de la propriété des actions d’une entreprise. Il inclut des informations telles que le nombre d’actions détenues, la date de la transaction, un numéro d’identification, le seau de l’entreprise et les signatures des parties prenantes. Pour les plus récents, des éléments visant à authentifier les vrais certificats et détecter les faux seront présents, tels que des micro-perforations ou des numéros de séries, comme sur les billets de banque.
Des documents de plus en plus difficiles à se procurer…
Jusqu’à récemment, il était coutume pour une entreprise de délivrer aux investisseurs un certificat quand ils achetaient des actions : les investisseurs signaient le document en présence d’un notaire, puis le gardaient précieusement ou au contraire l’exposaient fièrement dans leur salon.
L’arrivée progressive du trading en ligne a mis fin à cette tradition. En plus de réduire le délai d’exécution et d’améliorer la liquidité du marché des actions, des mesures de sécurité plus fiables ont rapidement prouvé leur efficacité face à la certification en personne par le notaire. Les entreprises côtées sont désormais légalement obligées d’adhérer aux standards informatiques actuels.
La réglementation contraint aussi indirectement les investisseurs à se passer de leur bout de papier fétiche et à opter pour le format électronique. Toute demande de certificat papier est désormais soumise à des frais atteignant fréquemment plus de 500$. Ces frais sont facturés par les brokers qui doivent les reverser à la Depository Trust & Clearing Corporation, un organe de contrôle financier américain.
Tout simplement, la demande de certificats d’actions a largement diminué, la plupart des personnes n’y voyant pas grand intérêt et les entreprises considérant cela comme une paperasse de plus. Disney, qui a abandonné la pratique en 2013, permet toujours aux investisseurs les plus déterminés d’obtenir un joli certificat, si tenté qu’ils accompagnent leur demande d’un chèque de 250$, alors qu’acheter une seule action revient aujourd’hui à environ 90$… Autant acheter directement une réplique, sur un site tel que Giveashare.com…
Quand les CEOs se disputent les plus beaux certificats…
Peter Tuz, le président de Chase Investment Counsel, un gestionnaire de fonds, arbore dans son bureau des certificats d’actions de nombreuses entreprises telles que PlanetRx ou ValueAmerica … des entreprises des années 90 qui ont fait faillite après l’éclatement de la bulle Internet. Alors que le cours de PlanetRx a jadis atteint les 200$ la part, les certificats ne valent plus rien aujourd’hui. « J’aime bien les montrer à mes clients ou à nos jeunes analystes, pour leur dire de bien faire attention avant d’acheter ».
Bob Kerstein, le fondateur de Scripophily.com, un site web qui valorise et vend des vieux certificats d’actions ou d’obligations, affirme que la plupart des personnes qui font l’acquisition de ces certificats recherche l’objet pour son symbolisme ou pour en faire collection, comme une œuvre d’art.
Tout comme les œuvres d’arts ou les cartes de baseball, les certificats les plus chers sont les plus rares, ceux à l’esthétisme très caractéristique ou signés par une personnalité. Les certificats fournis par Disney sont très demandés, du fait de la présence des personnages de fiction et de Walt Disney sur le document.
Les actions Standard Oil font partie des plus populaires. La raison : John D. Rockefeller, un des plus célèbres businessman américain, en était le président et signait lui-même les certificats d’actions. Un siècle plus tard, leur prix s’élève encore à plus de 2000$.
Ceux de Playboy Enterprises ont aussi la cote : cette entreprise s’est illustrée lors de son introduction en bourse en 1971. Ses certificats étaient les seuls à inclure une femme nue, en l’occurrence Willy Rey, la Miss Février 1971… A l’époque, plus de 14 000 personnes ont acheté une seule part, pour s’approprier ce document singulier.