Portraits de différentes femmes en plein Paris allant de la couturière à l'amante, en passant par la femme mariée bafouée à la chef d'entreprise le jour du printemps...
La critique de Borat en jupe
Il y a des films que l'on prévoit de voir et d'autres plus imprévus. Lorsque j'ai été voir Sous les jupes des filles, j'avais initialement prévu de voir A million ways to die in the west mais comme un ami l'avait vu sur le net (vraisemblablement il a bien fait), on a finalement opté pour cette comédie française. Soit l'un des derniers succès du cinéma français récemment (Lucy passe largement devant) quand d'autres films se sont viandés en beauté, pensant vainement que le spectateur n'a jamais vu certains films afin de reprendre la même formule éculée (qui a vu A toute épreuve? Non? Personne?). Sous les jupes des filles est réalisé et interprété majoritairement par des femmes, ce qui s'avère assez excluant pour les 3/4 du temps pour les hommes, puisqu'ils ne sont apparemment pas la cible. Tout comme les femmes n'iront pas forcément voir le premier film d'action venu. Le problème est qu'il est rare que le public mâle soit attiré par ce genre de film en apparence très féminin. C'est tout le défi du premier film de l'actrice Audrey Dana que de concilier les deux durant 1h56. Et pourtant ce n'était pas gagné comme le confère l'ouverture.
Audrey Dana dans sa chambre, la morve au nez, les mouchoirs sur le lit, la clope dans la main, sous une musique sirupeuse que certains spectateurs qualifieraient de branchouille et des paillettes rouges servant de crédits. Autant dire que cela fait très peur, au point de se demander ce que vous foutez là et surtout que cela ressemble bien trop à une romcom qui veut faire "américain à la française". Puis tout s'emboîte dans un film choral où les personnages finissent par se rejoindre avant un final évident (certains diront pompeux). Ce qui est d'autant plus cohérent que n'importe quel film de Danielle Thompson où la morale est systématiquement "la vie c'est des gens qui se croisent, se découvrent, se rejoignent, s'aiment, se quittent et se retrouvent finalement". Certaines actrices jouent même mieux que d'habitude. Par exemple Géraldine Nakache, très souvent agaçante et brailleuse, se révèle dans un rôle assez inhabituel (une mère au foyer se découvre une passion pour les dames) même s'il est un peu similaire à celui qu'elle tenait dans Les infidèles. Elle n'a jamais été aussi juste.
Pareil pour Alice Taglioni en lesbienne baby-sitter (son passage dans les toilettes est assez détonnant), Isabelle Adjani (désolé pour les fans) en créatrice de lingerie se découvrant une rivalité avec sa fille de seize ans (pour faire une comparaison c'est comme si la prof de La journée de la jupe rencontrait la Adjani de L'été meurtrier) ou même Audrey Dana que je ne connais pas trop (elle est pour le moins explosive, surtout sur les canapés, ce qui vaudra un merveilleux moment de solitude et donc drôle qui sent un peu le vécu). On s'étonne également des contre-emploi parfaits de Marina Hands (femme trompée mais carrément castratrice), Laeticia Casta (en femme ne se trouvant pas séduisant et qui a surtout de désopilants problèmes de stress) ou Audrey Fleurot (en BCBG se faisant critiquer de partout alors qu'elle fait pareil). Julie Ferrier est souvent proche du lourdingue mais comme souvent, elle exceelle dans le personnage excessif voire foutraque. Elle incarne une femme se découvrant une sexualité débridée suite à un coup de poteau. Son passage mémorable est indéniablement celui des buissons avec les deux vieilles sosies parfaits des vieux du Muppet Show!
Si ces rôles s'avèrent convaincants, certains laissent clairement à désirer. On pense à tous les passages avec Vanessa Paradis et Alice Belaïdi. Pas qu'elles jouent mal mais leurs scènes ne servent clairement à rien dans le film et paraissent de trop. La première joue une patronne constatant qu'elle n'a aucun amis, l'autre son assistante subissant un drame familial. Si l'on retient la scène du gars de l'assurance et l'alchimie entre les deux actrices, force est de constater que ce sont des scènes de trop. Pire, la scène du tribunal plombe complètement le film et on ne sait vraiment pas ce que ça vient faire là. Montrer que les femmes peuvent aussi s'imposer face à des hommes violents? Pourquoi pas mais pas de cette manière. Néanmoins le meilleur rôle est ironiquement joué par un homme. En effet, Alex Lutz pulvérise tout sur son passage en mari volage et qui ne peut en placer une devant sa femme et s'imposant comme un Casanova chez sa maîtresse. Chacune de ses séquences marque le coup comme un bon coup de fouet et clairement on en redemande. Finalement Sous les jupes des filles réussit son pari de faire rire les hommes autant que les femmes, ce qui en fait un film pour tous.
Une comédie choral réjouissante et au casting bien senti.
Note: 14.5/20