Amateurs et amatrices de jeux sexys, Elisabeth Buffet commence son nouveau spectacle par un numéro de pole dance. Elle montre la barre très haut ! Tout en souplesse, elle chauffe la salle et n’a pas froid aux yeux. Ces acrobaties tout en séduction donne la teneur de son nouveau one woman show. Ce strip tease tout en délicatesse reste éloigné du glamour. Elle joue avec les mots et n’hésite pas à provoquer et à pratiquer la vulgarité. Cette danse a plutôt été réussi et montre qu’il n‘y a pas besoin d’avoir une taille parfaite et un physique de rêve pour réaliser ce genre de prouesse. Elle va jusqu’au bout. Au moins avec elle le ridicule ne tue pas. Elle n’a pas non plus volé son surnom de « Jean-Marie Bigarre féminin ». Elle est justement son pendant féminin.
Elisabeth Buffet : de la vulgarité bluffante
Certaines répliques glissent dans sa bouche et apparaissent un tantinet moins vulgaire. Elle sait parfois les amener avec plus de douceur. Toute la salle rit de ses traits d’humour même s’ils restent ras les pâquerettes. Ces blagues ressemblent à l’image que l’on a de celles faites dans les casernes ou au bar PMU du coin. Leur raffinement et leur tournure sont sensiblement au même niveau. Potache, elle en rajoute une couche. Tant qu’à faire autant y aller jusqu’au bout ou au fond pour rejoindre l’un des sujets de son spectacle. Elle parle plus de sexe que des relations hommes-femmes. Elle aborde ce sujet sans détour quitte à choquer par son franc parler. Elle ferait presque penser à une poissonnière qui fait son marché. Elle leur emprunte leur gouaille, leurs tournures sans enrobages et leur naturel peu farouche. L’élève s’affranchit du maître. Sa vulgarité en agacera certains mais en même temps quand on va voir ce genre d’humoriste, on sait à quoi s’en tenir. En regardant ce serait-ce qu’un extrait de cette performance, le spectateur comprend vite que les thèmes traités ne volent pas haut. Elle arrive tout de même à nous faire décoller un sourire et surtout de nombreux rires. A force sa vulgarité pèse un peu. Certaines remarques font un flop quand d’autres demeurent tout simplement de mauvais goût. Il faut savoir s’arrêter au bon moment. Elles flirtent souvent avec les limites et les dépassent parfois et c’est dommage.
Quelques répliques:
" je suis vaginalement motocultable"
érosion mécanique"
"les grottes de Lascaut"
"je suis heureuse je ne fais plus caca mou"
"Il faut en tirer des rois pour sucer la fève"
Du rire, des rires politiquement correct ?
Dans ce one woman show les personnes ne rigolent pas tous pour les mêmes raisons. Certains se fendent d’un rire gêné lié au choc ressenti face à certaines répliques, d’autres s’amusent de cette vulgarité qui finit par toutes nous faire oublier nos complexes. Elle se rassure et nous communique son autodérision. Elle sait se moquer d’elle-même. Tous les comiques ne sont pas capables de le faire. Certains s’y essayent sans succès quand d’autres y parviennent avec difficulté. Le ridicule ne la tue pas mais rend plus fort son jeu.
Elle partage à la fois ses angoisses, son mal être et sa vie de femme approchant de la cinquantaine. Un peu vieille fille, elle arrive à en caricaturer les attitudes, ça sent le vécu. A la fois libre et libérée, elle cherche à faire réagir son public, sa vulgarité devient pour elle comme une arme de séduction pour faire rire le public et le mettre à ses pieds.
La vulgarité n’est plus l’apanage des humoristes masculins un tantinet beauf . Elle dit peut être sans ambages ce que nous pensons tout bas sans oser le confesser. Vive, elle met toute son énergie au service de sa prestation. Bien qu’elle soit drôle et qu’elle nous taquine avec son humour pince sans rire certaines réflexions tombent à plat. Elle ne manie pas l’humour noir comme le ferait d’autres de ces consoeurs et confrères.
Avec elle, on dirait qu’une bande de vieux copains ou de vieilles copines se retrouvent pour trinquer au troquet d’à côté. Ce niveau d’humour s’avère un peu lassant à la longue mais ‘en demeure pourtant pas moins drôle. Ces quelques sorties sur les handicapés, des SDF ou les noirs sont à la limite de l’acceptable. Là à ce moment on se dit que quelque part, elle a franchi la ligne rouge. Heureusement ces remarques ne reflètent qu’une infime parti de sa représentation.
Elle se donne à 100% durant toute sa performance, elle occupe parfaitement l’espace et sans répliques arrive quand même à distiller son humour potache. Elle se révèle par ses excès et sa gouaille qu’elle maîtrise parfaitement Elle dégage une certaine force et s’en sert pour nourrir son texte et son jeu de scène. La vulgarité gâche un peu le spectacle à certains moments. Quoi qu’il en soit, si vous voulez passer une soirée sympa entre amis, aller la voir, vous ne serez pas déçus. Abstenez-vous d’amener vos enfants, ils ne comprendraient pas et risqueraient à vos dépens de miner certains actes ou de répéter certaines paroles obscènes. Ce spectacle n’est donc pas à mettre à la portée de tous.
Jessica Staffe