Représentant(e) syndical(e) : une "espèce" menacée ?
Aujourd'hui nous avons la chance de poser quatre questions à l'une des expertes les plus reconnues en France sur la RSE...
Ne cherchez plus, il s'agit d'Aline Crépin ! On ne va pas vous refaire son CV mais elle est tout de même à l'origine de deux normes sur la diversité (pas toute seule mais quand même, ça mérite d'être souligné !), participe à la commission qui attribue le Label Diversité et anime plusieurs groupes de travail sur ces sujets en plus de son emploi (nous on dit chapeau !).
Pouvez-vous nous faire un rapide état des lieux du syndicalisme en France?
Avec seulement 1,7 millions de syndiqués, la France compte parmi les pays européens ayant le moins de salariés syndiqués : moins de 8% en moyenne (15,2% dans le secteur public, 5% dans le secteur privé)… alors que 54% des Belges et 74% des Finlandais le sont !
Pourtant l’obligation de négocier n’a jamais été aussi forte … et on assiste aujourd’hui à un engorgement des calendriers de négociation, qui est dû en partie au faible nombre de représentants sur lesquels reposent ces négociations.
On comprend donc pourquoi l’appartenance syndicale a besoin d’être protégée, et pourquoi elle figure en bonne place parmi les 20 critères de discrimination.
D’après vous, quelles sont les discriminations les plus courantes envers les représentants syndicaux ?
Les principaux cas de discrimination syndicale concernent notamment la rémunération (une étude de 2010 fait part d’un écart moyen de 10% en défaveur des délégués syndicaux) et l’absence de progression de carrière dans les années qui suivent les mandats.
Pourquoi les managers sont-ils souvent sur la défensive ?
Avoir dans ses rangs un(e) représentant(e) du personnel n’a pas que des avantages : les heures de délégation et le calendrier des négociations sont parfois difficiles à concilier avec les nécessités du service et le suivi des objectifs annuels est souvent un casse-tête. Entre le danger de surcharger l’élu(e) avec des demandes opérationnelles incompatibles avec ses mandats et l’écueil de sa mise à l’écart complète du service, rares sont les managers qui arrivent à concilier ces différents paramètres.
Quel intérêt alors à l'exercice d'un mandat syndical ?
L’exercice d’un mandat syndical est de nature à enrichir le CV des représentants : capacité de négociation, analyse de chiffres, formulation de proposition, leadership… mais aussi à renforcer les compétences de l’équipe dans laquelle ils ou elles évoluent.
Malheureusement trop peu d'entreprises en sont aujourd'hui conscientes...