#Daesh : quand Fabius fait la guerre avec un mot

Publié le 19 septembre 2014 par Mister Gdec

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Tout a commencé hier soir, par l’émission de Pujadas, DPDA, que j’ai prise au vol, vers la fin. Pas franchement envie de me faner l’infect Cambadélis. Au moment d’évoquer la guerre en Irak, conformément à l’annonce du Président de la République en fin d’après-midi, lors de sa conférence de presse, le journaliste a avoué qu’il utilisait l’appellation "Daesh" plutôt qu’État islamique à, propos de l’organisation de ces égorgeurs qui prennent prétexte d’une religion pour perpétrer leurs ignobles forfaits car Laurent Fabius l’avait instamment demandé… Cela m’a choqué car quand un journaliste se laisse imposer ses mots, le journalisme n’en est plus tout à fait. Sans vouloir faire mon pédant, ce que je ne suis pas, je pourrais reprendre une citation de Prévert qui me revient spontanément à l’esprit qui dit en substance que lorsque la vérité n’est pas libre, la liberté n’est pas vraie…. Mais j’ai voulu en savoir plus sur l’origine de ce mot. je vous renvoie à ce (très) bon article de Rue89 qui nous en éclaire la signification et l’utilisation :

Pourquoi Fabius a-t-il choisi « Daesh » ? Parce que c’est le nom qui est utilisé par les pays du Moyen-Orient pour désigner ce groupe, et que les diplomates l’utilisent volontiers ? Sans doute. Mais on peut se demander si la sonorité péjorative (dèche, douche, tache…) n’a pas également joué un rôle dans ce choix.

Les esprits cartésiens font remarquer que ce choix ne change rien sur le fond : Daesh est un acronyme similaire à « EIIL », pour « Dawla al-Islāmiyya fi al-Irāq wa-š-Šhām (الدولة الاسلامية في العراق والشام) » :

د = Dawlat (Nation)
ا = (al-) Islāmiyya
ع= (fī’l-) Irāq
ش = (wa’š-) Šhām (le Levant)

Mais c’est plus compliqué. Daesh a pris dans la région une connotation péjorative. Certains lui prêtent des doubles-sens infamants (« Daesh » signifierait aussi piétiner, ou encore renverrait à un épisode pré-musulman…).

Laurent Fabius :

"Le groupe terroriste dont il s’agit n’est pas un état. Il voudrait l’être, il ne l’est pas et c’est lui faire un cadeau que de l’appeler état.

La guerre d’un mot, vous dis-je…. Cherchez l’erreur.