Le poisson zèbre nous en apprend avec cette recherche expérimentale de l’Ecole de médecine Perelman sur la neurofibromatose, une des maladies neurologiques héréditaires les plus fréquentes, qui touche environ une personne sur 3.000. Les conclusions, présentées dans la revue Cell Reports, identifient 2 voies distinctes impliquées dans les déficits d’apprentissage et de mémoire typiques de la maladie. 2 cibles donc pour un futur traitement.
La neurofibromatose (NF1) qui se caractérise par des tumeurs le long des nerfs entraine des déficits de l’attention et des troubles de l’apprentissage. La plupart des patients atteints présentent leurs premiers symptômes avant l’âge de 10 ans. Les traitements vont cibler une famille de protéines (Ras) impliquée dans la prolifération cellulaire. Le gène NF1 code pour la neurofibromine, une protéine dont un petit domaine participe à la régulation de Ras.
En travaillant sur le poisson zèbre modèle de NF1, cette équipe de l’Université de Pennsylvanie montre que les processus liés à la maladie, conduisant aux déficits d’apprentissage et de mémoire sont distincts et devront donc être ciblés chacun par un traitement spécifique. Certains déficits chez ces poissons mutants ne s’avèrent pas liés à une anomalie de Ras mais à une autre voie de signalisation. Sur le modèle de poisson zèbre de NF1, les chercheurs parviennent à l’équivalent des troubles de la mémoire par des médicaments qui ciblent Ras, et les déficits d’apprentissage en ciblant cette autre voie (AMPc). Des résultats très expérimentaux mais qui ont des implications pour le développement de thérapies de NF1. Très expérimentaux, si ce n’est que le poisson zèbre est devenu un modèle de prédilection pour l’étude du développement et de la maladie. Car comme les humains, les poissons zèbres sont des vertébrés et possèdent la plupart des gènes nécessaires au développement embryonnaire présents chez les humains.Cibler spécifiquement les « voies » de l’apprentissage et de la mémoire apparait ainsi comme une stratégie plus efficace, selon le Dr Jon Epstein, président du département de biologie cellulaire et développementale de l’Université, l’un des auteurs de l’étude : « Les troubles de la mémoire sont liés à une activité anormale de Ras, les déficits d’apprentissage ne sont pas affectés par la modulation de ces mêmes voies ». Ces nouvelles données suggèrent également que ces déficits d’apprentissage et de la mémoire typiques de NF1 sont réversibles, avec des traitements pharmacologiques et ne sont donc pas figés par un défaut dans le développement des nerfs.
Un grand espoir donc pour les patients atteints de NF1.