« Le retour »
CARDOSO Dulce Maria
(Stock)
Roman sur la nostalgie du Paradis perdu. L’Angola. Où vécut une famille portugaise jusqu’à l’indépendance de ce pays africain. Dans cette sorte d’aisance qui fut le lot commun à tant de « colons ». Contrainte de regagner le « continent » lorsqu’au lendemain de la Révolution des Œillets, le nouveau pouvoir installé à Lisbonne négocia avec les « rebelles » et retira ses armées d’un territoire qu’elles occupaient indument (traduction du Lecteur). C’est un adolescent qui narre, dans une langue d’adolescent, les derniers mois de sa présence africaine puis le retour brutal dans le pays de ses ancêtres, là où personne ne l’attend, là où personne n’a envie de lui faciliter ce qu’il considère comme un exil. Il est hébergé dans un ancien hôtel de luxe, en compagnie de sa mère et de sa jeune sœur. Le père, lui, juste avant le départ, fut arrêté par les nouveaux maîtres de Luanda et n’a plus depuis lors donné de ses nouvelles.
L’Auteure prend le parti de l’exilé. Ce qui lui fut sans doute assez facile puisqu’elle naquit en Angola, y grandit et suivit le même itinéraire que celui qu’emprunta son personnage. La nostalgie du Paradis sous-tend l’essentiel du récit. Elle s’agrémente d’une détestation parfois virulente à l’encontre des Capitaines d’Avril, ceux-là même qui mirent un terme à la longue dictature fasciste portugaise. Il est évidemment possible d’imaginer que le récit écrit par Dulce Maria Cardoso autorise une lecture au second degré, qu’elle ne fait que refléter les pensées de celui qui non seulement n’a pas eu le choix mais qui de plus subit une pression idéologique qui le conduit à reproduire « innocemment » la pensée de celles et ceux qui continuent à affirmer que l’Angola et ses « Nègres » n’auraient jamais dû échapper à leur tutelle. Mais les débordements, l’expression quasi constante de la rancœur introduisent un réel malaise. Malaise amplifié par les visions réductrices et caricaturales des évolutions politiques (1975) aussi bien au Portugal qu’en Angola.