On se retrouve aujourd’hui pour parler d’un petit classique « à l’ancienne », c’est-à-dire un de ceux que l’on étudie souvent au lycée et qui nous laissent des souvenirs parfois traumatisants. A titre anecdotique, l’histoire de ce roman est inspirée d’une histoire vraie : François Mauriac a en effet assisté au procès d’une femme, Mme Canaby, qui était accusée des mêmes crimes que l’héroïne de son roman ! Sans plus attendre, je vous laisse en compagnie de Thérèse Desqueyroux ; j’espère que cette chronique vous plaira et vous donnera envie d’en savoir plus sur cette femme très mystérieuse…
Ce roman envoûtant de Mauriac est celui d’une femme prisonnière, un être « coupé de tout, de tous les côtés », une héroïne sombre qui tentera ainsi, quoi qu’il en coûte, sans plus de scrupules, de se libérer du joug de son mariage et du destin qu’on lui impose. La première chose qui me frappe en écrivant cette chronique, c’est que le résumé rend plutôt bien justice à l’ambiance générale du roman dans la mesure où il arrive parfaitement à retranscrire le mystère et le suspens présents dans le livre dès la première ligne !En effet, dès le début je me suis sentie « aspirée » par les événements et le personnage de Thérèse. Cela a été possible grâce à deux choses : déjà parce que François Mauriac met immédiatement le lecteur dans la peau de l’héroïne en décrivant les événements de son point de vue à elle ; et ensuite parce que l’action commence très brutalement : nous sommes dans une salle de tribunal et toute la tension semble se relâcher lorsque le juge prononce un non-lieu en faveur de Thérèse Desqueyroux.Au début, on ne sait que très peu de choses : on devine que Thérèse a commis un crime mais sans savoir lequel. Pendant toute la première partie du roman, Thérèse se remémore les événements de sa vie et essaie de trouver dans son passé les raisons qui l’ont poussée à commettre ce crime. Non pas pour se comprendre ni pour s’analyser, mais pour trouver une excuse et des explications à donner à son mari, qui l’attend chez eux ! En fouillant son passé pour y déceler les origines et les fondements de son crime, c’est comme si elle cherchait à se déresponsabiliser et à dire : « ce n’est pas de ma faute, c’est de la faute de mon histoire et du hasard » !En tout cas, si Thérèse n’a pas l’air de vouloir s’avouer son crime, n’attendez pas non plus que Mauriac vous l’explique clairement ! Le roman repose sur un non-dit, sur un crime suggéré par l’auteur et que le lecteur devine rapidement, mais qui n’est jamais explicité. C’est surtout grâce à ce non-dit que la tension est aussi palpable dans ce roman et que le suspens est vraiment captivant !
→ MON AVIS
Il y a énormément de choses que j’ai adorées dans ce livre, et la première d’entre elles est sûrement le suspens que Mauriac crée à merveilles. Dès le début, j’étais impatiente de savoir la suite ; Mauriac joue vraiment avec nos nerfs et maîtrise parfaitement l’art de la suggestion : en taisant le crime commis par Thérèse, il fait rentrer le lecteur dans son jeu et l’invite à s’interroger sur cet événement criminel. On a même parfois l’impression d’être un enquêteur, à la découverte de ce « crime mystère » !
J’ai aussi adoré le personnage de Thérèse. Honnêtement, je pense qu’elle entre dans le top 3 des personnages de romans qui m’ont le plus marquée. C’est un peu étrange, je vous explique : objectivement, Thérèse est quelqu’un de détestable et d’écœurante : elle est sans scrupule, sans regret, sans émotion, sans sentiment,… manipulatrice, nonchalante et fade, elle a tous les défauts du monde et ne paraît presque pas humaine ! Et pourtant, je l’ai adorée. Je me sens même coupable de l’aimer autant ! En fait, je trouve que c’est une femme vraiment troublante et mystérieuse, comme une curiosité ; même si je sais que c’est une criminelle, je ne peux pas m’empêcher d’avoir un peu d’affection pour elle et de lui trouver des circonstances atténuantes. Et je m’en veux pour ça ! Ben oui : je préférerais la détester, la trouver dégueulasse et méchante plutôt que d’avoir une certaine compassion envers une criminelle ! En tout cas, le personnage de Thérèse Desqueyroux ne peut pas laisser indifférent.- Thérèse Desqueyroux
- Ariane (dans Belle du Seigneur d’Albert Cohen)
- Gaspard Sauvage (dans Le Zèbre d’Alexandre Jardin)
Bises et à bientôt !