Que faire à Rome quand il pleut ? C’est la question qui s’est imposée lors de notre très court séjour dans la capitale italienne. Devant la file d’attente inconcevable et interminable devant l’enceinte du Vatican, nous avons décidé de prendre la tangente et de partir à l’autre bout de la ville, visiter les studios de cinéma de Cinecittà.
Auréolés de leur gloire passée, symbole entre autres du cinéma de Fellini, je les avais découvert grâce à l’exposition croisée qui m’avait beaucoup touchée au Studio du Patio-Opéra (en novembre 2012). Les photographes Emanuele Scorcelletti & Gianluca Gamberini proposaient alors de montrer les aspects moins connus de ce patrimoine historique, où les époques et les réalités se côtoient et où l’urbanisation de la ville mange l’espace.
Très curieuse de découvrir les lieux donc, nous voici aux portes des Studios prêts pour la visite guidée. On doit cette “ville du cinéma” (littéralement Cinecittà), au chef de la Direction générale du cinéma italien du gouvernement, Luigi Freddi, fasciste à l’époque.
C’est avec un billet pour la visite guidée que nous découvrons les premiers mètres de ces studios mythiques.
On y reconnait quelques détails aperçus dans les photos des artistes Emanuele Scorcelletti & Gianluca Gamberini.
C’est dans les années 1930, que Luigi Freddi, chef de la Direction générale de la cinématographie, pour le compte du gouvernement fasciste, souhaite concurrencer Hollywood. Le projet séduit Mussolini, sensible aux projets ambitieux, accepte la création de la « Cité du cinéma ». Elle s’étend alors sur 60 hectares et déploie des aménagements considérables. En 1943, sept ans après son inauguration, Cinecitta se libère du joug fasciste.
Après cette période, Cinecitta abrite les plus grands cinéastes européens (et plus tard internationaux).
La visite se divise en deux parties : nous commençons par entrer dans une rue de New York, un décor où l’illusion est parfaite et où été tournés Gangs of New York. Ici l’environnement se fait et se défait sur la même base. On y mélange plusieurs productions : ici un café sicilien typique, ailleurs des immeubles qui parviennent à nous faire penser qu’on est ailleurs : Los Angeles ou Bologne des années 1950.
De l’autre côté des portes, un espace non appréhendé, abandonné… qui montre l’envers du décor. On y risque un coup d’œil. C’est précisément la dichotomie qui se joue dans ces lieux. Des villes et des ambiances créées de toutes pièces, qui coexistent avec des non-lieux qui se trouvent juste derrière les façades.
Il est bon de se laisser distancer par le groupe, et de flâner ici dans cette artère de New York.
On y explore les recoins, les endroits oubliés désormais, sur lequel le regard ne s’arrête plus.
A Cinecittà, on est spécialisé dans les décors de bois, de polystyrène et de fibre de verre. Lors des tournages, les lieux sont investis par une foule de gens, qui fourmillent.
D’ailleurs un peu plus loin, nous approchons de la Via Sacra, et bientôt nous débouchons sur la seconde partie de la visite…
Les décors de l’ancienne Rome sont réputés, ils ont servi dans l’années 1970, aux tournages de western spaghettis (Pour une poignée de dollars) et de péplums (tels que Ben Hur).
Nous débarquons en plein « tournage » dans une mise en scène amusante, d’un
Malgré le côté un peu artificiel, les décors et la scène forment un tableau parfait, pour le souvenir des lieux.
Nous observons autour de nous ce qui a pu servir aux tournages de grands films. Nous pensons également à la dernière saison de Kaamelot qui s’y est déroulé.
Nous nous engageons plus loin dans le village où les détails nous frappent : commerces aux vitrines et devantures travaillées, place du marché et artisanat plus vrais que nature.
Nous quittons le village pour déboucher un peu plus loin vers la Piscine.
Il s’agit d’une fosse impressionnante de 7 000 mètres carrés de profondeur. Investie alors par un décor pour un tournage gardé confidentiel.
Nous poursuivons alors vers le Studio n°5, le favori de Frédérico Fellini, dans lequel il a notamment tourné la Dolce Vita. Cette époque signe alors la fin de l’emprise de Mussolini, et c’est le renouveau des studios, qui abrite le mouvement néoréaliste.
La visite achevée, nous visitons l’exposition bien faite qui nous plongent à travers beaucoup de films et de témoignages vidéos dans la réalité de qu’on pu être les studios.
Comme le dit notre guide, bons nombre de tournages ont encore lieu ici, la plupart pour des séries ou la télévision. Indéniable témoignage de l’histoire du cinéma européen, et plus accessoirement de grosses productions américaines, les studios font face à leur coût élevé comparé à d’autres studios plus accessibles.
Pour l’heure, ces mélanges et ses contradictions en font un lieu incontournable lors de votre visite à Rome.