Une photo choquante montrant 3 rats devenues complètement difformes après avoir eu un régime spécial à base d’OGM a fait la une des JT et des médias, faisant passer le message que les OGMs seraient toxiques suite à une étude scientifique peu fiable. Retour sur un phénomène politico-médiatique qui ébranla la France en 2012.
©Elsevier – étude « démontrant » l’effet toxique des OGMs
Une équipe du laboratoire caennais (Basse-Normandie) impliqué dans la recherche dirigé sur les effets d’une consommation d’OGMs sur les organismes sains (menée par le Dr. Gilles-Eric Séralini) a défrayé la chronique en 2012 : muni d’une simple photo présentant les 3 souris mondialement connues pour leurs tumeurs « telles des ballons sous leur peau tendue » quand il se rend dans les locaux du Nouvel Observateur, le Dr Séralini affirme détenir en sa possession une étude scientifique démontrant les effets dévastateurs liés à une consommation régulière d’OGMs sur les organismes sains. « Oui les OGMs sont des poisons » affirme alors Séralini au quotidien, qui sans autres arguments scientifique ou d’esprit critique, va publier la Une tristement célèbre dans le monde scientifique, prouvant encore une fois le diction « Science sans conscience n’est que ruine de l’âme ». Les résultats de cette étude ainsi que les conclusions ont été récusées par l’ensemble de la communauté scientifique. Mais trop tard : les médias s’emparent déjà de l’affaire et l’opinion publique est déjà changée.
Seulement voilà, alors que le débat de l’intoxication aggravée des OGMs bat son plein dans les médias, à la télé et dans les journaux, personne n’a encore vu les résultats et les conclusions de l’équipe de recherche de Caen. A l’époque même le ministre de l’Agriculture (Stéphane Le Foll) déclare « Nous allons agir à l’échelle de l’Europe pour que les conditions et le protocole d’autorisation soient modifiées dans un sens beaucoup plus strict qui prenne en compte les risques encourus avec ce genre d’OGMs » le jour même de la publication de l’article du Nouvel Obs, pourtant, toujours sans résultats (à part cette photo horrible).
Le lobbying des pro-OGMs se lève devant celui des anti-OGMs : chacun qui va de son argumentaire sans aucun fondement scientifique. C’est à celui qui va crier plus fort. En attendant, une commission chargée de réaliser une contre expertise est formée, et l’abattage médiatique fait qu’il est impensable qu’elle ne soit pas vérolée et appuyée par le lobbying pro-OGM.
Mais lorsque l’article scientifique sera publié dans la très réputée revue scientifique Food And Chemical toxicology, les premiers commentaires argumentés sont sévères : les conclusions semblent erronnées. Et c’est la tout le travail de la science et des scientifiques : le raisonnement critique. Pas devenir une star médiatiques, ce que semblent oublier certains chercheurs.
L’étude en question est pour le moins atypique dans le monde de la recherche. D’abord, le principe d’objectivité de la recherche a été totalement bafouée par le financement original de cette étude : les 3 millions d’euros nécessaires pour cette étude ont été donné par le Criigen (association Anti-OGMs) ainsi que des grandes enseignes de la distribution alimentaire, alors qu’elle aurait due être financée par l’industrie agroalimentaire. Il y a évidemment un énorme conflit d’intérêt entre les résultats de cette recherche, les organismes de financement et le sujet des OGMs. L’étude est également surprenante : sur 200 rats, 190 étaient nourris à 100 % d’OGMs mais également avec du Roundup dans l’eau de boisson! Pendant qu’on administrait les OGMs, on leur donnait aussi de l’herbicide à dose relativement élevées (10% d’herbicides par rapport à l’eau) alors que les doses avalées par les consommateurs ne sont jamais supérieures ou égales à 0,001%). Enfin, et contre toute attente, aucune analyse statistique fiable n’a prouvé une augmentation du nombre ou de la taille des tumeurs apparues chez les rats, également avoué par le Dr. Séralini. D’après lui, les graphiques parlent d’eux-même alors que les statistiques montrent le contraire. C’est la tout le problème d’une telle étude : elle ne montre rien. Aucune étude fiable n’a jamais montré de liens entre l’apparition de maladies et la consommations d’OGMs.
Delvouz
En conclusion, le principe de précaution s’applique à tout le monde : scientifiques, médias comme citoyens, soyez vigilent sur la façon d’extrapoler les informations. Aujourd’hui la recherche visant à démontrer si les OGMs excercent des effets négatifs sur les organismes sains est maintenant beaucoup plus encadrée, grâce à cette étude dont les conclusions étaient extrapolées. On peut donc y voir un apport bénéfique direct sur la recherche concernant les OGMs. En 2013, l’étude en question est supprimée de la revue Food and Chemical Toxicity puis republiée dans un autre journal. Bien sûr, vous pouvez vous délecter de la partie « controverse et conflits d’intérêts » de la page Wikipedia dédiée spécialement à Séralini.
Important!
Le Dr. Gilles Eric Séralini, vous l’aurez compris, est un chercheur anti-OGM. De base, travailler sur la dangerosité des OGMs quand on veut absolument en trouver entre directement dans un conflit d’intérêt dans le monde de la recherche. Mais le chercheur n’en est pas à son premier coup d’essai : c’est la 3e fois en 5 ans que ce monsieur (co-fondateur du Criigen en plus) s’illustre dans le cadre d’études aux conclusions sur-évaluées et aux protocoles douteux sur les OGMs. Chaque fois ses conclusions ont été refusée par un comité d’expert n’ayant aucuns liens avec les lobbying pro-OGMs, en France, en Europe, comme dans le monde. N’arrivant pas à percer dans le domaine auprès des scientifiques, il décide alors de passer la vitesse supérieure en contactant directement les médias. Monsieur Séralini n’est pas le seul à vouloir entrer dans la brèche médiatique, plus récemment nous avions le cas du docteur Philippe Even qui publia un livre nommé « le guide des 4000 médicaments inutiles ou dangereux », sans aucunes études sérieuse préalable ou n’impliquant pas le financement d’un lobbying anti-pharmacien… Vous pouvez en lire plus dans cet article concernant Philippe Even