Pourra-t-on jamais déshumaniser la pauvreté ? Les gens de pouvoir s'y emploient. Pourquoi leur faciliter la tâche ?
Quant aux "illettrés", faudra-t-il les privés de la collection "Folio" ?
Dans un rapport publié en 2013 et intitulé « Penser l’assistance », l’Observatoire national de la pauvreté et de l’exclusion sociale (Onpes) notait déjà que les Français sont des « solidaristes soupçonneux ». Solidaristes, ils le sont en comparaison de beaucoup d’Européens, par l’importance qu’ils accordent au devoir des pouvoirs publics de venir en aide aux personnes en difficulté. Mais en même temps, ils soupçonnent les bénéficiaires de l’aide publique d’abuser de leurs droits. C’est ici qu’apparaissent des stéréotypes. Le plus tenace est celui du tire-au-flanc, image typée d’un bénéficiaire de prestations volontairement oisif, cumulant les avantages divers au point de vivre aussi bien qu’une personne gagnant durement sa vie. Il faudrait que des émissions de grande écoute rétablissent des vérités sur la réalité du sous-emploi, de l’errance, du découragement. (Source)
Madame la misère écoutez le vacarme
Que font vos gens le dos voûté la langue au pas
Quand ils sont assoiffés il se soûlent de larmes
Quand ils ne pleurent plus il crèvent sous le charme
De la nature et des gravats
Ce sont des suppliciés au ventre translucide
Qui vont sans foi ni loi comme on le dit parfois
Régler son compte à Monseigneur Éphéméride
Qui a pris leur jeunesse et l'a mise en ses rides
Quand il ne leur restait que ça
Madame la misère écoutez le tumulte
Qui monte des bas-fonds comme un dernier convoi
Traînant des mots d'amour avalant les insultes
Et prenant par la main leurs colères adultes
Afin de ne les perdre pas
Ce sont des enragés qui dérangent l'histoire
Et qui mettent du sang sur les chiffres parfois
Comme si l'on devait toucher du doigt pour croire
Qu'un peuple heureux rotant tout seul dans sa mangeoire
Vaut bien une tête de roi
Madame la misère écoutez le silence
Qui entoure le lit défait des magistrats
Le code de la peur se rime avec potence
Il suffit de trouver quelques pendus d'avance
Et mon Dieu ça ne manque pas