Prendre des cours d’auto-défense.

Publié le 18 septembre 2014 par Eclectikgirl

Il y a plusieurs mois de cela, une vague d’article a suivi celui d’une jeune idiote , sur la vulnérabilité des femmes, et après les réactions de nombreux macho attardés sous le post de Jack Parker.
Ça m’a fait réfléchir.
Puis le témoignage de Diglee.
La réaction de Marion Point
Et de Tinhy.

Avec la lecture des articles de ces blogueuses, et des nombreux commentaires de femmes qui s’en sont suivi, je me suis rendue compte que je n’étais pas seule.

Parceque oui, auparavant, je pensais que j’étais juste parano.
Je suis rarement sereine, pleinement sereine lorsque je suis dehors.
Il y a toujours un soupçon d’appréhension, quelque chose de latent, de sous-jacent
Je pensais qu’accélérer le pas lorsqu’un type est derrière moi, rester aux aguets, flipper dès qu’il fait un peu sombre, changer de trottoir quand un gars un peu space arrive en face, rentrer dans un magasin pour laisser passer une personne à la démarche un peu louche … je pensais que tout cela, c’était "normal".
Et au final … je me rend compte, que non.
Que la majorité des femmes ressentent cela, de façon plus ou moins intense, certes, alors que les hommes, eux, sont rarement dans cet état d’esprit.

Comme si la crainte était l’apanage naturel des femmes.
Par réaction à ce qu’on entend quotidiennement, par le conditionnement social, par l’habitude, par la victimisation ambiante. Voire par la culpabilisation sournoise ( "si tu étais pas habillée en jupe / si tu n’étais pas si bien apprêtée / si tu prenais moins soin de toi / si t’étais pas dehors à c’t’heure là … alors tu n’aurais pas peur de te faire agresser").

Personnellement, "j’ai de la chance", je ne me suis faite agresser que deux fois, et rien de dramatique.
 Juste des amorces d’agression je dirais.
Une fois, en allant au lycée, une femme bourrée, hirsute, qui m’a attrapé le bras, secouée comme un prunier parceque je n’avais pas de clope à lui donner. Qui a fini par partir, vociférante, mais en ayant prit le soin de me cracher dessus. Son crachat dégueulasse sur le bord de mon manteau, j’en frissonne encore de dégout…
La seconde fois, c’était à la fac. (Lycée, université … c’est dangereux, d’étudier !!). Tous les soirs, je restais réviser, lire, me cultiver à la bibliothèque du campus, qui restait ouverte jusqu’à 22h00.
C’était le début de l’été, donc il ne faisait même pas totalement nuit. Sur le chemin pour retrouver mon 9m2, j’ai entendu une voiture rouler au ralenti derrière moi.

Arrivée à ma hauteur, la vitre se baisse et un type blafard, au crane rasé, musclé mais sec, des cernes de 3 cm sous les yeux, les pupilles dilatées … le tout empestant la sueur, la clope et … un je ne sais quoi d’indéfinissable, mais suffisamment immonde pour donner envie de courir loin, très loin.
Et évidemment, le voila qui se met à débiter dix insanités à la seconde, dont je te laisse deviner la teneur. A se tripoter d’une main. A tendre l’autre vers moi. Il va sans dire que j’ai plus qu’accéléré le pas pour me réfugier dans le premier bâtiment d’habitation qui s’est présenté. J’ai vu la voiture s’éloigner, et après dix minutes, j’ai osé sortir pour rentrer chez moi.

Et ce qui est terrible, c’est qu’à raconter cela, je ressens comme une honte. Je me dit " merde, je vais quand même pas leur raconter ça, ça craint !"
J’ai du mal à comprendre d’où me vient ce sentiment de honte/culpabilité, alors que je n’y suis strictement pour rien dans ce qui m’est arrivé !

Alors oui, cela aurait pu mal tourner.
Mais il n’y a rien eu, et ensuite, pas de nouvelle agression (peut-être grâce à ma prudence excessive).
Si j’exclus les "hé, t’es charmante" ‘ et les " allez, tu viendrai bien prendre un verre" dit de façon insistante, un brin agressif.( Mais, allez, on va dire que c’était de la drague lourdingue, je ne les comptabilise pas dans le harcèlement de rue).
Donc pas de quoi devenir parano au point de vouloir prendre des cours de self défense.
Sauf que.

Sauf qu’est-il vraiment nécessaire qu’un drame arrive pour une prise de conscience ?
Il n’est pas non plus sain de se positionner en perpétuelle potentielle victime.
J’ai certes un couteau dans mon sac à main (si si …) mais c’est davantage pour me rassurer, car je ne saurais pas m’en servir.
Des années que je l’ai, ce couteau. Mais apprendre à me défendre, l’idée ne m’est venue que la semaine dernière.

Il y a quelques semaines, ce groupe de jeunes gens, entre 10 et 14 ans, qui sont venus squatter devant l’immeuble de mon boulot. C’était encore les vacances scolaires, donc ils s’occupaient en balançant des cailloux sur les voitures, en essayant de voler des sacs à mains, en criant sur tous les passants ect.
Au bout de deux jours de ce manège, à passer par la porte à l’arrière pour ne pas être au milieu de la meute,  je me suis rendue compte que j’étais incapable de me défendre, même s’il n’avaient été que deux gosses.
Même un seul, bien hargneux, je ne suis pas persuadée de faire le poids.

Donc, je me cherche des cours d’auto-défense.
Pour me rassurer.
Pour parer à toutes éventualités.
Pour ne plus être dans la position de perpétuelle victime potentielle.

Un guide d’auto-défense, en attendant de prendre des cours.

Anya