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POLITIQUE / ECONOMIE > Impôts : quand les français sont dubitatifs

Publié le 18 septembre 2014 par Fab @fabrice_gil

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Une feuille de déclaration d'impôts I Philippe Huguen ©AFP/Archives

Contre le ras-le-bol fiscal des Français, le Premier ministre veut baisser l’impôt sur le revenu. Mais de combien, et pour qui ? La plus grande confusion règne au sein du gouvernement.
C’est évidemment une bonne nouvelle pour les contribuables qui seront concernés : "La première tranche de l’impôt sur le revenu pourrait être supprimée", a promis hier le Premier ministre. En clair, il s’agit de la tranche à 5,5 % qui s’applique aux revenus entre €6.011 et €11.991.Mais s’agit-il de supprimer cette tranche pour tous les contribuables, y compris les plus riches, sachant qu’un foyer imposé à 45 % est en fait imposé à 5,5 % sur sa part de revenus entre €6.011 et €11 991, puis à 14 % sur la part suivante (de €11.991 à €26.631), etc. ? Ou seulement pour les contribuables ne payant que la première tranche ?La confusion reste maximale, au sein du gouvernement, chacun y allant de ses chiffres et de ses hypothèses. Le Président devra donc aujourd’hui, en conférence de presse, essayer de corriger ce nouvel imbroglio fiscal. Mais sa "vérité" sera provisoire, puisque la mesure doit être incluse dans un projet de budget qui n’est même pas encore arrivé jusqu’au conseil des ministres et sur lequel le Parlement aura le dernier mot.
Le contenu politique de la promesse est en revanche transparent : donner des gages aux Français modestes et à la gauche de la majorité, dont le vote de confiance a montré le rétrécissement. Ce Mardi, Manuel Valls avait déjà annoncé qu’un million de ménages supplémentaires ne paierait pas l’impôt sur le revenu l’année prochaine. Au total, a-t’il pu se vanter hier matin, "l’impôt sera allégé pour plus de six millions de ménages, les classes moyennes, soit un tiers des contribuables effectivement imposés, entre la réforme de cette année et la réforme de l’année prochaine". L’accueil a cependant été franc. "Improvisation", a commenté le frondeur socialiste Christian Paul. "Cela ne fait pas une politique fiscale", a renchéri l’écologiste Sandrine Rousseau.
La suppression de la première tranche pose deux questions. L’une est économique : il est périlleux de diminuer les recettes quand la croissance est incertaine, et les recettes déjà inférieures aux attentes. Le risque est de devoir "payer" ces réductions d’impôt par plus de déficit ou davantage de réductions de dépenses. L’autre est politique. "Tous les Français devraient payer même un petit impôt sur le revenu", a réagi hier le président du Modem François Bayrou. "Le lien fiscal fait partie du lien de citoyenneté", soulignait récemment le président (UMP) de la Commission des finances, Gilles Carrez. Le "haut-le-cœur fiscal", diagnostiqué par Manuel Valls chez les Français, risque fortement de virer au haut-le-cœur civique et politique.FG

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