Hippocrate, plongée dans le monde impitoyables des internes en médecine

Publié le 17 septembre 2014 par Tempscritiques @tournezcoupez

Après de timides premiers longs métrages, Thomas Lilti, 38 ans, nous revient avec un film revigorant, drôle et profondément ancré dans le contexte social et politique de son époque. Procédons à un léger examen clinique de cet Hippocrate, paru sur nos écrans lorsque nos bambins reprenaient le chemin de l’école.

Qui donc peut se faire une idée de ce qui anime la vie quotidienne des professionnels officiant dans nos hôpitaux ? C’est ce à quoi nous invite Hippocrate, en nous plongeant dans la vie d’un interne en médecine générale, intégrant son premier lieu de stage. Vincent Lacoste, le "beau gosse" qui nous avait habitué à des comédies plus potaches, campe ici un interne en médecine qui va vivre ses premiers émois comme apprenti médecin. Rite initiatique d’étudiant en médecine, confrontation à la fin de vie, difficile mais fructueux travail en équipe, dilemme éthique : rien ne sera épargné à ce jeune en prise à de vives remises en question quant à sa vocation. Il sera accompagné dans ce périple par Abdel, médecin algérien, relégué en France au grade d’interne avant de pouvoir faire valider ses diplômes étrangers. Si les traits de ce personnage sont parfois quelque peu appuyés et manquent peut être de nuance sur le papier, soulignons néanmoins la jolie composition de Reda Kateb, que l’on remarquait déjà dans Un Prophète.

Du rire aux lémotions, de la révolte sociale aux instants de grande humanité, Hippocrate est à la fois une comédie aux subtils ressorts dramatiques et un uppercut envoyé en plein visage des politiques publiques de santé. Un directeur d’hôpital fraichement débarqué du géant de la vente à distance Amazon, des services affublés de matériel défectueux dont les conséquences s’avèrent on ne peut plus graves, voilà le portrait alarmant dressé par le réalisateur. De quoi frémir à l’idée d’être prochainement accueilli dans un hôpital !

Si la tonalité majeure du film reste parfois plutôt alarmante et pessimiste, Thomas Lilti nous envoie tout de même ici un touchant message : dans un contexte de déshumanisation croissante, il ne reste que les valeurs d’entraide et de soutien pour s’extirper des situation à priori sans issu. Hippocrate remue et amuse, agace, angoisse, mais surtout ne laisse pas indifférent.