Les ONGs interpellent François Hollande
Le sommet Climat sera en effet l’occasion du lancement de l’ « Alliance mondiale pour l’agriculture intelligente face au climat » (Global Alliance for Climat Smart Agriculture). Alors que quelques Etats et multinationales, connus pour défendre un modèle agroindustriel à grande échelle, sont très impliqués dans la promotion de cette initiative, la France avait ces derniers mois hésité à y participer.
Cependant, Annick Girardin, secrétaire d’Etat au développement vient de confirmer l’adhésion française à l’Alliance alors même que les préalables définis par la France n’ont pas été réunis. Cette décision est regrettable, compte tenu des nombreuses réserves exprimées par la société civile qui reproche à l’Alliance de cautionner le modèle de l’agriculture productiviste conventionnelle basée sur l’utilisation massive d’intrants chimiques et de biotechnologies, et occulte la priorité qui doit être donnée aux agricultures familiales paysannes. Elle est ainsi soutenue par certaines des plus grosses entreprises agro-industrielles qui pourraient se servir de l’alibi climatique pour proposer des solutions contestées, comme les OGM, sans critères sociaux et environnementaux, ni souci du bien commun.
Cette Alliance pourrait ainsi se résumer à un espace de lobbying pour les entreprises privées et à une rampe de lancement d’investissements au service d’intérêts privés, menaçant directement les droits fondamentaux des populations agricoles et rurales ainsi que la sécurité alimentaire et nutritionnelle des plus pauvres. Ce faisant, l’Alliance ne pourra répondre à l’exigence de repenser nos façons de produire, d’échanger, de consommer face au double défi climatique et alimentaire.
Par ailleurs, les orga¬nisations de la société civile, du Nord au Sud s’interrogent aussi sur son fonctionnement, en l’absence d’un cadre de gouvernance lisible et transparent, d’exigence de redevabilité claire pour l’ensemble des parties prenantes, et d’une réelle prise en compte de la voix des premiers concernés : les petits exploitants du Sud.
Quatre jours avant le Sommet Climat, la France co-organise avec l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) un Symposium sur l’agroécologie à Rome. Or, pour nos organisations, agroécologie et « climate smart agriculture » ne sont pas substituables ; dès lors, quelle cohérence de l’approche française en matière d’agriculture et de sécurité alimentaire ?
Nos organisations dénoncent l’adhésion de la France à l’«Alliance mondiale pour l’agriculture intelligente face au climat », qui la justifie en prônant une stratégie d’influence de l’initiative de l’intérieur. Or des précédents ont déjà montré l’inefficacité d’une telle option.
Nous demandons à François Hollande de clarifier les choix de la France quant au modèle à défendre pour lutter efficacement contre le changement climatique et assurer un développement rural durable et équitable bénéficiant aux agricultures familiales et paysannes. A la veille de la présidence française des négociations sur le changement climatique, il y a urgence.
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