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Serions-nous tous des imbéciles, des illettrés ?
Les oligarques qui nous gouvernent seraient-ils les seuls individus cultivés, instruits, lettrés, policés, sociables, en résumé : dignes du beau nom de citoyens ?
Faudrait-il passer par Science Po, HEC et l’ENA (promo Voltairede préférence) pour mériter à leurs yeux d’être reconnus comme des humains à part entière ?
Jusque là, ils n’avaient pas encore osé le dire. Certes, ils le pensaient tellement fort, eux qui, à les entendre, doivent sans cesse faire des efforts de pédagogie et d’explications-communication pour se faire comprendre de leurs électeurs/trices qu'ils considèrent comme une peuplade d’abrutis, que nous le savions déjà.
Mais, depuis ce matin, nous en avons la certitude, puisque l’un d’entre eux l’a affirmé en public !
A peine arrivé au gouvernement en remplacement d’un précédent ministre brillant lettré qui, malade de « phobie administrative », oubliait de déclarer ses revenus, payer ses impôts et son kiné, le nouveau ministre de l’Economie et autres spécialités spéculatives, Monsieur Emmanuel Macron, issu de la sacro-sainte ENA et des antichambres des Rotschild, a été clair, à propos des salariés des abattoirs bretons GAD, à Josselin. Au micro d’Europe1, il a déclaré : « Il y a dans cette société une majorité de femmes, pour beaucoup illettrées. Pour beaucoup on leur explique vous n’avez pas d’avenir à GAD ou aux alentours, allez travailler à 50 ou 60 kilomètres. Ces gens-là n’ont pas le permis de conduire. On va leur dire quoi ? »
De cette logorrhée en langue française exemplaire (normal, pour un lettré : « On va leur dire quoi ? » pour « Que va-t-on leur dire ? » ), il faut donc retenir que : 1/ les ouvriers seraient en majorité illettrés… 2/ dans cette majorité, les femmes surtout seraient illettrées !
Questions :
-Monsieur le Ministre penserait-il encore, comme au Moyen-Âge, que les femmes n’ont pas d’âme ?
-Monsieur le Ministre penserait-il encore comme Richelieu qui affirmait : « l’éducation du peuple est de nature à ruiner le pays » ?
-Pourquoi seul(e)s les Breton(ne)s pourraient-ils bénéficier d’une telle reconnaissance inique d’un ministre de notre République ? Ne pensait-il pas aussi, ce fin lettré, en tenant ces propos, aux Lorrain(ne)s d’ArcelorMittal, et aux victimes, dans toutes les régions, de ses complices inféodés au sacro-saint marché ?
Nous savions que « ces gens-là » (appliquons-leur cette formulation, puisqu’ils nous l’appliquent !) étaient indifférents dans leurs palais à la réalité de vie des humbles de notre pays, aux souffrances quotidiennes de ceux qui, pourtant les font vivre, mais nous ne savions pas encore qu’ils n’éprouvent pour eux que du mépris !
Maintenant, nous le savons !
Trop facile de « regretter » pour se faire pardonner, surtout quand le dérapage est significatif d’une pensée de classe. Les plus plates excuses, même ministérielles n’y pourront rien changer. Ce qui est dit… est dit ! Une fois lâchés, les mots vivent leur vie. Personne ne peut plus les rattraper.
Nous savons désormais que les « sans-dents » sont aussi des « sans-cerveau » !Nous sommes tous des illettrés !
Malheur à qui l’oublierait !Salut et Fraternité.