Aux Yeux des Vivants // De Julien Maury et Alexandre Bustillo. Avec Anne Marivin et Theo Fernandez.
Le cinéma d’horreur français se fait très rare et je dois avouer que c’est bien dommage. C’est à nous que l’on doit certains très bons films du genre comme Frontières et puis je sais que je suis à contre courant pour Sheitan. Ici c’est l’occasion de retrouver Julien Maury et Alexandre Bustillo, le duo déjà l’origine du très bon A l’intérieur qui revient afin de mélanger plusieurs films et notamment un peu de Massacre à la Tronçonneuse. L’ensemble de ce film fonctionne plutôt bien mais ce qui est problématique c’est sa mise en place qui met tout de même un peu trop de temps à démarrer. On passe donc la première demi-heure dans une sorte d’errance, ce n’est qu’à l’issue de cette demi-heure que le film commence enfin à démarrer. Ensuite l’autre problème est le scénario de Aux Yeux des Vivants. Le film ne sait pas trop dans quelle direction aller et se trouve finalement être un véritable pot pourri de références. C’est un problème d’un côté mais un atout de l’autre. Le problème c’est que l’on n’a pas vraiment d’histoire à proprement parler. Tout cela ressemble donc à un enchaînement de scènes d’horreur, plus ou moins gore. Même la fin ne parvient pas à en révéler suffisamment à mon goût.
Fuyant leur dernier jour d’école, Dan, Tom et Victor, trois adolescents inséparables, se perdent dans la campagne avant de s’engouffrer dans les méandres d’un studio de cinéma abandonné depuis des années. Un lieu décrépi devenu depuis le repère d’Isaac et Klarence Faucheur, un homme et son étrange fils, bien décidés à ne pas laisser le trio dévoiler leurs sombres secrets aux yeux des vivants.
La nuit tombe. De retour chez eux, les adolescents ne tarderont pas à s’apercevoir que quelque chose les a suivis et que la nuit risque d’être l’une des plus longues de leur vie…
Aux Yeux des Vivants trouve tout de même son salut dans toutes les références qu’il peut faire et notamment aux films de Julien Maury et Alexandre Bustillo. La scène d’ouverture est une référence ouverte à A l’intérieur. Ils ont même été jusqu’à inviter Béatrice Dalle. Au fond, la scène d’introduction pourrait être la suite de A l’intérieur, nous laissant imaginer le monstre que le personnage de Béatrice Dalle aurait alors enfanté. Si l’idée n’est pas bête (surtout de faire écho au film qui les a fait connaître), je trouve que celui-ci manque cruellement de forte. Outre l’introduction réussie et curieuse qui donne envie d’en voir plus, la première demi-heure peine vraiment à nous en dire bien plus. Cette bande d’adolescents inséparables était une base intelligente puisque cela permet de changer de ce que l’on a l’habitude de voir dans les films d’horreur. Généralement, les pourchassés ne sont pas aussi jeunes. Le tandem ose. Mais ce n’est pas suffisant là non plus car le scénario ne nous raconte toujours rien et le spectateur commence alors à s’impatienter. Surtout quand le tout commence à ressembler à un film oscillant entre de l’amateurisme négligeant et quelque chose d’un peu plus recherché.
Je suppose donc que Maury et Bustillo se sont laissé avoir par l’idée de faire une (fausse) suite à A l’intérieur. Ils ont alors pris des références à droite et à gauche (notamment Massacre à la Tronçonneuse) et ont tenté d’en faire quelque chose. Si un film d’horreur n’a pas nécessairement besoin d’un scénario alambiqué, il doit au moins raconter quelque chose qui justifie tout ce qui se passe et là rien du tout. Puis vient l’horreur. Pour le coup cela fonctionne très bien, notamment car je me suis surpris à rester scotcher au fond de mon siège à certains moments (une scène de torture intense sur le sol d’une buanderie, le fait que les enfants - même les bébés - soient mis en scène dans la folie meurtrière et horrifique, etc.). Tout cela participe donc à rendre le film réellement terrifiant pour le spectateur. Il y a largement de quoi et l’intensité est là. On peut tout de même regretter le fait que la plupart des moments importants du film soient prévisibles et que l’issue en elle même soit tout ce qu’il y a de plus ridicule (car oui, la fin n’aurait pas dû nous laisser de la sorte, c’était terriblement vide et mauvais). Si le manque de moyens ne peut pas leur être imputé (après tout, ils ont tout de même fait des trucs sympathiques avec le peu de moyens qu’ils ont eu), ils auraient pu forcer un peu plus la dose sur le scénario…
Note : 4.5/10. En bref, si l’horreur est bien là par intermitence, le scénario est tout ce qu’il y a de plus vide. Dommage.
Date de sortie : 30 avril 2014