Nous vivons vraiment dans un régime collectiviste, il n'y a pas de doute possible !
Devant la flambée du prix du pétrole brut, dont les raisons sont connues mais sur lesquelles les états n'ont aucune prise, et devant surtout l'envolée des prix "à la pompe", tout le monde est inquiet à juste titre, et nombre d'entre nous sont dans une situation très critique.
C'est le cas de tous ceux qui sont obligés d'utiliser un véhicule, pour leurs besoins professionnels notamment. C'est donc le cas surtout d'un certain nombre de professions : marins pêcheurs, transporteurs, taxis, ambulances, etc.. mais aussi des simples particuliers que nous sommes pour les trajets domicile-lieu de travail. Pour tous ceux-là le prix des carburants est un élément qui pèse inexorablement sur les revenus nets, ou, si l'on préfère, sur le pouvoir d'achat.
Dans le prix des carburants sont comprises un certain nombre de taxes, les plus connues étant la TIPP (taxe intérieure sur les produits pétroliers) et la TVA, qui représentent en fait la majeure partie du prix, ce qui fait dire que quand on fait le plein, on achète surtout... des taxes !
Mais pour certaines professions (celles qui crient le plus fort, bien souvent), l'état met en place des détaxes qui allègent d'autant le prix du carburant. C'est le cas notamment des marins pêcheurs, qui bénéficient d'un carburant totalement détaxé.
Mécaniquement il est vrai, ce carburant-là subit de plein fouet les variations des prix du brut, variations qui se trouvent partiellement masquées ailleurs par l'application de la TIPP, elle-même calculée en volume et non en pourcentage du prix de vente. Et de fait, les marin-pêcheurs ont vu le prix de leur carburant augmenter ces derniers mois dans des proportions supérieures à la moyenne des autres. D'où un mécontentement attisé par le mode de calcul des rémunérations dans cette profession, où schématiquement le salaire est proportionnel aux bénéfices retirés de l'activité. Comme, parallèlement, le prix du poisson payé au pêcheur est, lui, à la baisse, la résultante est un salaire de misère pour un travail plus que pénible.
Voilà pour le constat, et pour l'explication d'une colère justifiée. Là où les choses se gâtent, c'est au niveau des solutions, celles réclamées comme celles accordées.
Répétons-le, l'état n'a aucun moyen d'action sur le prix du pétrole brut et, la détaxe étant intégrale pour cette profession, il ne peut pas agir non plus sur le prix du produit raffiné. Malgré cela, les marins pêcheurs ont engagé un bras de fer agrémenté du blocage des ports et de certains dépôts de carburants, pour réclamer des aides supplémentaires de l'état. Il faut dire que le Président avait eu le tort de leur promettre un gas oil à 0,30 € le litre, à un moment il est vrai où le brut était bien moins cher qu'aujourd'hui. Certains, quelquefois, perdent des occasions de se taire... Comme s'il était tout à fait normal que l'état, dans tous les cas de figure, doive assumer sur les deniers publics, c'est à dire, rappelons-le, sur nos impôts (ou sur la dette publique à la charge des générations futures, ce qui est encore plus scandaleux), le niveau de revenus de chacun.
Ce raisonnement est typiquement un raisonnement de type collectiviste. Nous étions un certain nombre à penser que nous ne vivions plus (ou moins qu'avant) dans ce type de société. Nous nous trompions manifestement : sous cette pseudo contrainte (car, si on le voulait bien, il serait aisé de rendre force à la loi), le ministre en charge du dossier débloque illico 100 millions d'euros sur six mois pour calmer les excités ! Bel exemple de pragmatisme, sinon de "rupture" : ça fait plusieurs dizaines d'années qu'on agit ainsi, et ça fait plusieurs dizaines d'années que ça ne sert à rien. Mais courage, continuons...
Le vrai problème n'est pas le prix du pétrole, dont il va bien falloir se décider à admettre la chèreté (ne nous attendons surtout pas à ce que son prix baisse : toutes les conditions sont réunies pour qu'il continue de monter), mais le prix du poisson. Il est absolument scandaleux, mais ce n'est pas vrai que pour cette denrée, qu'il arrive sur les étals trois ou quatre fois plus cher, dans le meilleur des cas, qu'à la criée au port. Voilà sur quoi il faut agir : en déterminer les causes réelles (elles sont connues pour l'essentiel) et les traiter. C'est sans doute plus difficile que de sortir un carnet de chèques (sans provisions), mais c'est la seule chose à faire et celle-là, a priori, ne coûterait rien aux finances publiques. Simplement, ça suppose de contrer des lobbies et de mécontenter notamment des intermédiaires, eux-aussi électeurs tout comme les pêcheurs. Mais reste à savoir, et à dire franchement une fois pour toutes, si on est décidé à faire son boulot ou si on ne pense qu'aux prochaines échéances électorales...
Dans la deuxième hypothèse, il faut appeler tous les utilisateurs forcés du pétrole à exercer un chantage du même ordre. L'un des trois éléments de notre belle devise n'est-elle pas l'égalité ?
En attendant, ce sont nous autres, les contribuables, qui payons plein pot les lâches décisions du soviet suprême. Et on en a marre !