L’entreprise d’Elon Musk Tesla Motors a annoncé récemment la construction d’une usine de production de batteries nommée "Gigafactory". Site à la pointe de la technologie, cette usine de production va bouleverser le marché des batteries destinées à l’automobile.
Même si les exemples sont pléthores, l’ère de la délocalisation des processus de production en Chine ou autres pays "usine" est révolue, du moins pour les entreprises souhaitant fortement innover. C’est en tout cas ce qu’affirme une étude du MIT qui remet en cause l’idée, populaire des années 90 et 2000, selon laquelle le lieu de l’innovation et de la production industrielle sont distincts. Les usines sont de moins en moins créatrices d’emplois à cause de l’omniprésence grandissante des robots pour la fabrication, et les entreprises sont tentées par relocaliser leurs activités, c’est-à-dire de regrouper la recherche et la fabrication dans un même lieu afin d’alimenter l’innovation. Tesla, avec la construction de sa Gigafactory dans l’état du Nevada qui va tout de même employer près de 6500 personnes d’ici à 2020, démontre que le processus de fabrication est au coeur de la stratégie de croissance et d’innovation de la marque.
L’usine, historiquement porteuse de l’innovation et de la croissance
Avoisinant les 5 milliards de dollars financés par Tesla, Panasonic et autres investisseurs privés, cette usine est un bijou technologique qui va permettre, grâce à la production massive de batteries, de mettre sur le marché 500 000 nouvelles voitures par an. Les batteries à lithium-ion développées par Tesla sont à ce jour ce qui manque à la marque pour devenir un grand acteur du secteur automobile, d’où la construction de cette usine de batteries dernier cri, la plus grande de l’industrie automobile. Au début du 20ème siècle, Henri Ford met en place le fordisme, un modèle d’organisation et de développement d’entreprise basée sur la division du travail afin de produire la célèbre Ford T mais surtout d'accroître la productivité de l’entreprise. A partir des années 60, le constructeur automobile japonais Toyota met en place le toyotisme basée sur la stratégie des "Cinq 0", autrement dit la réduction des gaspillages à plusieurs niveaux. Pour sa Gigafactory, Tesla a quant à elle décidé de réduire les coûts en privilégiant les robots dernier cri pour la fabrication mais aussi en alimentant l’usine en électricité grâce à la construction d’un parc solaire et éolien. Outre ces stratégies de fabrication, la relation des usines avec les centres d’innovation est primordiale pour soutenir la croissance.
Le savoir-faire industriel repose sur les relations entre les parties
Si le lien existant entre la production industrielle et l’innovation n’est pas nouveau, certains restent sceptiques quant à l’importance du savoir-faire industriel. Mais selon Mark Muro, membre de la Brookings Institution, produire de manière innovante repose aujourd’hui sur des relations très fortes entre les fournisseurs et les industriels, afin qu’ils partagent leurs connaissances pour améliorer les processus de production. L’entreprise californienne Apple en est le meilleur exemple. Au dos de chaque iphone, on peut lire que le produit a été designé en Californie mais assemblé en Chine. Mais il s’avère que la firme à la pomme est propriétaire de toutes les machines automatisées de ses usines de production en Chine. Aussi, le rapport affirme que les ingénieurs travaillant chez Apple en Californie passent la moitié de leur temps dans les usines de production lors du lancement d’un produit, car cela permet d’étudier les problèmes émanant de la production de masse mais aussi de maîtriser les coûts de production afin d’investir dans le design de nouveaux produits. Les pays sont donc désireux de conserver leur capacité productrice dans la mesure où elle est porteuse d’innovation, mais cela nécessite un savoir-faire et des technologies de pointe pour espérer des retombées économiques intéressantes.