Snif, snif, snif, snif, mais, tiens, c’est bizarre, il y a comme une petite odeur dans le fond de l’air, quelque chose de frais, de subtil et d’extrêmement ténu… La politique française serait-elle, par le plus furieux des hasards, en train de changer ?
Allons, allons, faites un effort, respirez à fond et faites marcher (un peu) votre imagination. Ne sentez-vous pas ce petit changement d’ambiance, ô combien léger, je vous l’accorde, mais néanmoins palpable, dans le petit bruit de fond qui occupe généralement les plateaux télé, les rédactions, les discussions de comptoir voire certains couloirs de ministères pas trop visibles et peu médiatiques ?
Je vous rassure tout de suite : je ne parle pas, ici, d’un vent de changement comme celui qui parcourut jadis l’Allemagne en novembre 1989, ou même celui, plus tragique, qui accompagna les bolcheviks en 1917, non. Je parle plutôt de ces petits signes d’agacements apolitiques d’une population française, lassée du pouvoir actuel qu’il soit de droite ou de gauche, et qui semble, dès qu’il émet des sons, si éloigné de ses préoccupations terre-à-terre.
Je vous parle aussi de ces petites remarques, entendues ici et là, des uns et des autres qui, ronchonnant mais bonhommes, admettent du bout des lèvres que oui, peut-être l’État a-t-il un peu trop fourré ses gros doigts boudinés partout, et peut-être est-il responsable d’une partie (modeste, mais décidément mesurable) du torrent de caca mou dans lequel nous barbotons tous actuellement. Oui, petit-à-petit, acculés devant l’état catastrophique de l’économie, les Français ne font plus complètement l’impasse sur certains principes du libéralisme.
Bien sûr, on est encore au tout début du processus de remise en cause, tout juste à l’embryon d’une phase de questionnement sur la pertinence de l’avalanche de lois qui occupent tous les jours les députés. C’est aussi cette interrogation, encore peu formulée, mais dans l’air du temps, sur la probité de ceux qui représentent les citoyens, aidée en cela par la consternante série de faux-pas de la brochette de clowns tristes qui miment un gouvernement de loin par temps de pluie. C’est un petit début de « Et si ? » qui, pour le moment, ne pose pas le débat, loin s’en faut, mais qui, au moins, n’en écarte pas complètement la possible tenue, un jour dans un futur quelconque.
Mais voilà, la graine semble plantée et certains comprennent qu’il serait vraiment chouette qu’on remette en cause certaines pratiques, surtout pour les autres, évidemment. Confusément, certains commencent à voir, au-delà des discours fumigènes de ministres patauds et de députés peu crédibles, que les manœuvres qu’on tente pour museler certaines innovations (Uber, Amazon, AirBnB) se traduisent, très concrètement, par des pertes de pouvoir d’achat, de liberté ou la disparition de possibilités jusqu’alors insoupçonnées mais diablement intéressantes quand on y réfléchit deux secondes. Alors pour ces cas là, on commence à comprendre que supprimer certains monopoles d’état (celui des autres, hein, attention), ça pourrait marcher. Et s’il y a vingt ans, on s’accommodait parfois mal qu’un patron puisse rouspéter sur les monceaux de loi et de règlements qu’il avait à respecter pour faire tourner son entreprise, de nos jours, il n’est plus si rare d’entendre un salarié émettre les mêmes complaintes… et mieux encore, il arrive même qu’on acquiesce à sa triste mélopée de moutontribuable tondu ras.Oui, le fond de l’air change un peu… Mais ne nous leurrons pas.
Pour le moment, les petites lamentations discrètes concernent des choses éthérées (nettoyer des lois pléthoriques, freiner la bureaucratie galopante, le besoin d’une « simplification administrative », la nécessaire « baisse des impôts », des « aides mieux ciblées », pas moins d’État mais mieux, etc…), pas des choses vraiment concrètes, derrière lesquelles se trouveront inévitablement des gens, des individus, peut-être des proches, des amis, des collègues ou des connaissances. Tout ceci est diablement théorique et, comme toutes les discussions de comptoir, ne peuvent pas laisser présager d’un changement, réel et palpable, des mentalités.
En effet, si, grâce aux efforts acharnés de notre classe politique, chaque jour augmente le nombre des « sans-dents », ces derniers n’en sont pas moins repus. Soyons clairs : comme on ne va pas à l’école le ventre vide, inversement, on ne fait pas la révolution le ventre plein. La France est fort loin de son passé turbulent, et ce, d’autant plus que les malheurs du socialisme ne sont pas totalement fortuits.
Eh oui : bien que certains comprennent qu’il faille y aller mollo avec la taille de l’État, la plupart s’accommode en réalité très bien de cette redistribution large, généreuse et répétée de l’argent des autres. À ce titre, François Hollande n’est PAS arrivé à sa place par hasard et si on peut accorder une part de facétie au destin, l’actuel président est, bel et bien, le résultat aussi tragique que logique des quarante années qui l’ont précédées. Quant au socialisme dégoulinant de tous les côtés, depuis les médias jusqu’à l’ensemble des partis, les élus pourris, les ministres nuls et incompétents, la débilité et les raisonnements foireux portés en étendard, tout ça n’est, là encore, pas du tout fortuit, malencontreux, ou fruit d’une erreur tragique. C’est, consciemment ou non, désiré par le public qui continue, vaille que vaille de voter pour ça et de voter pour ceux qui le proposent.
Dès lors, et quand bien même les ronchonnements se font insistants, le président Hollande n’a aucune raison de s’en aller. Et d’une, il ne prend aucun risque en restant : tant que les ventres seront pleins, il ne se passera rien, d’autant que les institutions ne lui imposent même pas d’être vraiment présent ailleurs qu’une fois l’an, pour les vœux, histoire de faire le beau sur une chaîne de télé. Et de deux, en matière de descente aux enfers, lente mais continue, l’Argentine ou le Venezuela, dont j’ai déjà parlé dans ces colonnes, montrent toute la marge de manœuvre dont dispose le pouvoir, notamment en France. En effet, incroyablement, l’acceptation des populations à leur sort, paramètre clef, est acquise, là-bas comme ici : les gens veulent, tendrement, du socialisme, de la redistribution, du riche qui crache au bassinet, du patron qui se tait et paye, du grand tout à l’État pour la santé, le chômage, l’éducation, la retraite. Et quand tout ne se passe vraiment pas comme prévu, c’est, simplement, parce qu’on n’a pas fait assez de socialisme, pardi !
Et pire que tout : contrairement au Venezuela qui n’a, finalement, que son pétrole mal exploité à faire valoir, ou à l’Argentine, qui n’a même pas ça pour s’en sortir, la France a encore trop de beaux atouts pour que tout parte en sucette très vite. Ne vous y trompez pas : à périmètre constant, les pensions seront payées, les salaires des fonctionnaires seront versés, les indemnités des chômeurs, les aides sociales et les remboursements sécu continueront à couler en flot ininterrompu vers ces milliers de bouches qui réclament. Et c’est un pari sans risque parce que la France continuera d’emprunter, pas cher et même mieux que pas cher, à taux négatif, sur des marchés manipulés et, surtout, avant tout le reste, sur l’assurance en acier inoxydable qu’en cas de besoin, elle pourra toujours « rembourser ».
Alors, un changement d’ambiance ? Oh, oui, bien sûr. Maintenant, on laisse parler les libéraux, un peu. On écoute, poliment, les quelques solutions qu’ils pourraient présenter, entre deux gloussements, en arrière-plan. C’est toujours mieux que l’ostracisme, c’est plus poli que le placard. Mais c’est tout. De même qu’il n’y aura jamais de « Grand Soir » socialiste, cette idéologie se terminant toujours, ontologiquement, par un bain de sang et de larmes, il n’y aura pas en France, prochainement, de grand vent de libéralisme. N’y comptez pas.
Et lorsqu’il s’agira de vrai changement, poilu et bien senti, eh bien armés de leurs bonnes résolutions et nourris des bons débats bien lisses qu’une doxa médiocre mais confortable leur aura fournis clefs en mains, les Français iront voter, comme un seul homme (ou à peu près) pour … un peu plus de socialisme, qui, s’il n’a pas les oripeaux de l’UMP ou du PS, aura une couleur bleue marine.
Ce pays est foutu.
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