Xavier Mussat ne nous épargne rien dans cet album introspectif, disséquant la moindre parcelle de ses moments passés avec Sylvia, de leur rencontre à la rupture, du désir au rejet, de la tendresse à l’indifférence. Comment Sylvia l’a isolé de ses amis, comment elle l’a dévoré peu à peu, comment il n’a pu faire face à son instabilité chronique. Leur histoire est un grand huit permanent dont la toxicité sonne comme une évidence mais avec laquelle ils finissent par s’accommoder. « On ne s’enferme pas dans une relation secouée de tant de dissemblances sans que quelque chose ne finisse par changer. Au début on cherche les similitudes et on s’indigne des désaccords, on essaie de tordre la matière. Et puis, ne parvenant ni à extraire ni à modifier ce corps étranger, on intègre les paradoxes. On apprend à aimer et on se surprend à vouloir que cet amour devienne véritable. »
Visuellement, par contre, c’est impressionnant. Je trouve la prise de risque formidable et je dois bien reconnaitre que les nombreuses allégories présentes quasiment à chaque page sont aussi variées qu’originales.
Un exercice purificateur, une catharsis sans doute nécessaire, mais cette séance de psychanalyse géante m’a laissé de marbre. Rien à faire, je suis allergique à l’autofiction, même en BD !
Carnation de Xavier Mussat. Casterman, 2014. 247 pages. 25,00 euros.
Une lecture commune que j’ai l’immense plaisir de partager avec Mo’. Ça faisait longtemps, bien trop longtemps
L'avis de Moka qui a pour sa part beaucoup aimé.